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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 06:15

 

Recherche sur l'embryon : deux points de vue

 

 

 

La recherche scientifique

sur les embryons est légitime

Jamais l'Eglise catholique n'a caché qu'elle entendait 

" peser sur les débats " relatifs à la révision de la loi de

bioéthique de 2004, en ce qui concerne les

recherches sur l'embryon plus particulièrement.

La tribune de l'archevêque de Rennes, Pierre

d'Ornellas (Le Monde du 7 avril) et celle de

Jérôme Beau directeur du Collège des Bernardins

(avec Brice de Malherbe), parue le 8 avril

surLemonde.fr, sont des expressions de cet

engagement.

Avec la diffusion de l'imagerie médicale et

de films montrant le développement de l'enfant

conçu depuis l'embryon jusqu'à la naissance,

une certaine sensibilité au sort des entités

anténatales s'est répandue, même parmi les

défenseurs les plus radicaux du droit d'avorter.

La connaissance de faits concernant la continuité

biologique entre l'embryon et l'enfant né a

renforcé, chez certains, la conviction qu'il fallait

traiter les deux avec le même respect.

La notion de " personne potentielle " a été mise

en avant pour justifier l'idée que le droit

d'avorter n'impliquait pas que l'embryon puisse

être traité comme un objet qu'on peut utiliser à sa guise.

Pourtant, aucun de ces changements

importants des connaissances, de la sensibilité

et même de l'ontologie (avec l'apparition des

" personnes potentielles ") n'a réussi à donner

un statut moral clair à l'embryon.

Les attributions de personnalité aux entités

prénatales, comme on peut les appeler,

ont des conséquences que personne n'est prêt

à accepter. Ainsi, l'idée qu'un embryon pourrait

subir le même genre de préjudice qu'un enfant

déjà né aurait l'implication peu attrayante que la

destruction intentionnelle d'une éprouvette

contenant un embryon devrait être considérée

comme un meurtre ou, pire encore, comme

un meurtre commis sur un mineur.

Qui serait prêt à endosser ce genre de conclusion ?

En réalité, le passage de la connaissance

des faits scientifiques aux décisions morales a

toujours posé un problème logique. A partir des

mêmes faits concernant l'embryon, on peut lui

accorder des statuts juridiques et moraux

complètement différents (de la non-personne

à la personne, en passant par la " personne

potentielle ").

Quant à l'argument de la dignité humaine,

il est ambigu. Il permet de justifier des positions

morales opposées. Au nom de la dignité de

la personne humaine, on peut justifier à la fois

l'interdiction absolue de l'euthanasie (nous n'avons

pas le droit de " disposer de notre humanité ", toutes

les vies sont " dignes d'être vécues ", etc.) et sa liberté

complète (nous avons le " droit de mourir dans la dignité ").

L'ambiguïté de l'argument

On peut soutenir à la fois la criminalisation

de tout commerce du corps et la liberté de faire

ce qu'on veut de son propre corps, y compris

contre de l'argent. Dans le débat public sur la

gestation pour autrui, l'ambiguïté de l'argument

de la dignité humaine est flagrante. Est-il plus

conforme à la dignité de la personne humaine de

laisser aux femmes la liberté de se servir de leurs

capacités procréatives comme elles l'entendent

ou de leur interdire de le faire par la loi ?

L'argument de la dignité humaine ne le dit pas.

De la même façon, l'argument de la dignité

humaine peut, certes, servir à justifier l'interdit

sur la recherche et l'utilisation de l'embryon.

Mais on peut aussi, à partir de ce même argument,

justifier la liberté de la recherche scientifique

qui est l'honneur de l'esprit humain, surtout lorsque

son but principal est de diminuer la quantité de

souffrances dues aux maladies. Il n'est pas

difficile de comprendre pourquoi même les

représentants des grandes religions font appel

aux deux arguments de l'état des

connaissances scientifiques et de la dignité humaine.

Ce sont des arguments neutres, qui ne

sont pas spécialement religieux. Mais ils ne

suffisent certainement pas à fonder une position

claire et incontestable dans le débat bioéthique.

Ruwen Ogien

Philosophe et directeur

de recherche au CNRS

 

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