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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 00:51


3. Richesse culturelle, spirituelle et apostolique

41. Les écrits patristiques se distinguent non seulement par la profondeur théologique, mais aussi par les grandes valeurs culturelles, spirituelles et pastorales qu’ils contiennent. Sous cet aspect, ils sont, après l’Ecriture Sainte, comme il est recommandé dans le DécretPresbyterorum Ordinis (n. 19), une des principales sources de la formation sacerdotale et un « aliment fructueux » qui doit accompagner les prêtres pour toute la vie.

42. a) Les Pères latins, grecs, syriaques, arméniens… outre qu’ils ont contribué au patrimoine littéraire de leurs nations respectives, sont — bien que chacun à leur manière et selon des proportions diverses — comme les classiques de la culture chrétienne qui, fondée et édifiée par eux, porte pour toujours le signe indélébile de leur paternité. À la différence des littératures nationales, lesquelles, expriment et modèlent le génie de chaque peuple, le patrimoine culturel des Pères est vraiment ’catholique’, universel, parce qu’il enseigne comment devenir des hommes droits et d’authentiques chrétiens et comment se comporter en conséquence. Par leur vif sens du surnaturel et par leur discernement des valeurs humaines par rapport à la spécificité chrétienne, leurs œuvres ont été dans les siècles passés un excellent instrument de formation pour des générations entières de prêtres et elles restent encore indispensables à l’Église d’aujourd’hui.

43. b) Au point de vue culturel, est de grande importance le fait que de nombreux Pères aient reçu une excellente formation dans les disciplines de l’antique culture grecque et romaine, de laquelle ils empruntèrent les hautes conquêtes civiles et spirituelles, pour en enrichir leurs traités, leurs catéchèses et leur prédication. En imprimant à l’antique humanitasclassique le sceau chrétien, ils ont été les premiers à jeter le pont entre l’Évangile et la culture profane et à tracer pour l’Église un riche et important programme culturel, lequel a profondément influencé les siècles suivants et, de manière particulière, l’ensemble de la vie spirituelle, intellectuelle et sociale du moyen âge [55]. Grâce à leur enseignement, de nombreux chrétiens des premiers siècles eurent accès aux diverses sphères de la vie publique (écoles, administration, politique) et le christianisme put mettre en valeur tout ce qu’il y avait de valable dans le monde antique, purifier ce qui était moins parfait et contribuer, pour sa part, à la création d’une nouvelle culture et civilisation inspirée par l’Évangile. Remonter aux œuvres des Pères signifie donc pour les futurs prêtres s’alimenter aux racines mêmes de la culture chrétienne et mieux comprendre leurs propres tâches culturelles dans le monde d’aujourd’hui.

44. c) Quant à la spiritualité des Pères, il a déjà été relevé, au paragraphe précédent, comment toute leur théologie est éminemment religieuse, une ’vraie science sacrée’, qui, tout en éclairant l’esprit, édifie et réchauffe le cœur. Outre les éléments et les aspects proprement théologiques, il est bien de mettre ici en relief quelques comportements et attitudes d’ordre moral ressortant de leurs œuvres comme facteurs fondamentaux de l’expansion progressive, souvent silencieuse, du ferment évangélique dans la société païenne et restés ensuite imprimés pour toujours dans la conscience et sur le visage lui-même de l’Église. Beaucoup de Pères étaient des ’convertis’ ; le sens de la nouveauté de la vie chrétienne s’unissait en eux à la certitude de la foi. À cause de cela, se dégageaient dans les communautés chrétiennes de leur temps ’une vitalité explosive’, une ferveur missionnaire, un climat d’amour qui portait les âmes à l’héroïsme de la vie quotidienne personnelle et sociale, spécialement par la pratique des œuvres de miséricorde, l’aumône, le soin des malades, des veuves et des orphelins, l’estime de la femme et de toute personne humaine, l’éducation des enfants, le respect de la vie naissante, la fidélité conjugale, le respect et la générosité dans le traitement des esclaves, la liberté et la responsabilité face aux pouvoirs publics, la défense et le soutien des pauvres et des opprimés, et par toutes les formes de témoignage évangélique réclamées par les circonstances de lieu et de temps, témoignage poussé parfois jusqu’au sacrifice suprême du martyr. Par une conduite qui s’inspirait des enseignements des Pères, les chrétiens se distinguaient du monde païen environnant et exprimaient leur nouveauté de vie jaillie du Christ en embrassant les idéaux ascétiques de la virginité propter regnum coelorum, du détachement des biens terrestres, de la pénitence, de la vie monastique érémitique ou communautaire, dans la ligne des ’conseils évangéliques’ et dans l’attente vigilante du Christ qui vient. Les multiples formes de piété privée (comme la prière en famille, les prières quotidiennes, la pratique des jeûnes) et communautaire (par ex. la célébration du dimanche et des principales fêtes liturgiques comme participation aux événements salvifiques, la vénération de la très Sainte Vierge Marie, les veilles, les agapes, etc.) remontent aussi à l’époque patristique et reçoivent leur signification théologico-spirituelle précise des enseignements des Pères.

Pour cela, il est clair que la familiarité assidue des séminaristes avec les œuvres des Pères ne pourra que fortifier leur vie spirituelle et liturgique, en jetant une lumière particulière sur leur vocation, en enracinant cette vie spirituelle et liturgique dans la tradition millénaire de l’Église et en la mettant en communication directe avec la richesse et la pureté des origines. Cette familiarité avec les œuvres des Pères les aidera en même temps à découvrir l’homme dans son unité et sa totalité : à reconnaître et à suivre cet idéal supérieur d’humanité unifiée et intégrée dans le développement harmonieux des valeurs naturelles et surnaturelles, qui est le modèle de l’anthropologie chrétienne.

45. d) Une autre raison qui explique le charme et l’intérêt des œuvres des Pères, est qu’elles sont nettement pastorales : c’est-à-dire composées pour des buts d’apostolat. Leurs écrits sont ou des catéchèses et des homélies, ou des réfutations d’hérésies, ou des réponses à des consultations, ou des exhortations spirituelles ou des manuels destinés à l’instruction des fidèles. Par là on voit combien les Pères se sentaient impliqués dans les problèmes pastoraux de leur temps. Ils exerçaient la charge de maîtres et de pasteurs, cherchant en premier lieu à garder uni le peuple de Dieu dans la foi, dans le culte divin, dans la morale et dans la discipline. Maintes fois ils procédaient de manière collégiale, échangeant mutuellement des lettres de caractère doctrinal et pastoral dans le but de promouvoir une ligne de conduite commune. Ils se préoccupaient du bien spirituel non seulement de leurs Églises particulières, mais de toute l’Église. Quelques-uns d’entre eux devinrent des défenseurs de l’orthodoxie et des points de référence pour les autres Evêques du monde catholique (par ex. Athanase dans les luttes antiariennes, Augustin dans les controverses antipélagiennes), personnifiant en quelque sorte la conscience vivante de l’Église.

46. e) On ne peut non plus laisser dans l’ombre le fait que dans leur action pastorale les Pères, tout en offrant aux observateurs un riche panorama des problématiques les plus variées d’ordre culturel et social qui leur étaient contemporaines, les situent cependant toujours, pour ainsi dire, sur des coordonnées nettement surnaturelles. Leur tient particulièrement à cœur l’intégrité de la foi, fondement de la justification, pour qu’elle s’épanouisse dans la charité, lien de la perfection, et pour que la charité crée l’homme nouveau et l’histoire nouvelle. Tout dans leur action pastorale et dans leur enseignement, est ramené à la charité, et la charité au Christ, voie universelle du salut [56]. Ils réfèrent tout au Christ, récapitulation de toutes choses (Irénée), déificateur des hommes (Athanase), fondateur et roi de la Cité de Dieu, qui est la société des élus (Augustin). Dans leur perspective historique, théologique et eschatologique, l’Église est le Christus totus, qui « parcourt son chemin, et en poursuivant son chemin accomplit son pèlerinage, à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu, depuis le temps d’Abel, le premier juste tué par son frère impie, jusqu’à la consommation des siècles » [57]

47. Si nous voulons maintenant reprendre les raisons qui poussent à étudier les œuvres des Pères, nous pouvons dire qu’ils ont été, après les Apôtres, comme l’a dit justement Saint Augustin, les planteurs, les irrigateurs, les constructeurs, les pasteurs, les nourrisseurs de l’Église laquelle a pu croître grâce à leur action vigilante et inlassable [58]. Pour que l’Église continue à grandir, il est indispensable de connaître à fond leur doctrine et leur œuvre qui se distingue pour être en même temps pastorale et théologique, catéchétique et culturelle, spirituelle et sociale, d’une manière excellente et l’on peut dire unique par rapport à tout ce qui est arrivé aux autres époques de l’histoire. C’est exactement cette unité organique des divers aspects de la vie et de la mission de l’Église qui rend les Pères si actuels et si féconds également pour nous.

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Published by Monastère Orthodoxe de l'Annonciation - dans Enseignement spirituel

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