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29 mars 2017 3 29 /03 /mars /2017 23:08


Saint Bonaventure : 

Enfin il faut, en dernier lieu, attaquer l'orgueil lui-même, le chef et la racine de tous les vices, l'abîme dévorant de toutes les vertus; l'orgueil, dont la force et la violence sont telles qu'il a chassé Lucifer du ciel. Et cependant David encore enfant mit sa confiance dans le Seigneur, et par son humilité il terrassa Goliath , malgré la grandeur démesurée de sa stature.

L'orgueil revêt une double force : il est spirituel, et c'est lorsqu'il s'adresse il la perfection qu'il voit dans ceux qui font le bien. Il est charnel, et alors il s'inspire de quelque qualité extérieure.

Or, celui qui est possédé de l'orgueil spirituel a coutume de se croire en possession de grands mérites, de s'attribuer des grâces considérables, de penser qu'il est très-aimé de Dieu, de s'étonner de ne point, opérer des merveilles, de se troubler de ce que Dieu ne lui donne point je ne sais quoi de spécial, de mépriser les autres comme des hommes tout terrestres. Un tel vice expose à de graves dangers et est plus ir redouter que les vices de la chair. En effet, il n'en est aucun qui épuise autant toutes les vertus, et dépouille autant l'homme de toute justice et de toute sainteté que le fléau de l'orgueil.

Celui donc qui veut échapper aux traits de ce monstre pervers doit, dans chacun des actes où il sent qu'il a fait du progrès dans la vertu, s'écrier du fond du coeur : « Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, » et penser que c'est Dieu qui opère en nous le vouloir et son accomplissement selon qu'il lui plaît (1). Il faut aussi se rappeler que le bien qui est en nous est un don de Dieu, et que nous en rendrons un compte rigoureux; ensuite que ce bien est mélangé de beaucoup de défauts, de tiédeur, d'hypocrisie, etc., et qu'en outre nous sommes remplis d'une multitude de choses mauvaises, vicieuses. Il faut encore arrêter ses regards sur les hommes qui sont meilleurs que nous et sur les anges, afin que la comparaison que nous établissons entre eux et nous serve à nous humilier davantage.

L'orgueil charnel se reconnaît à ces indices : il est dans le silence, plein de murmure, d'amertume et de colère; dans la joie , il est dissolu , il rit sans mesure et sans cause; dans la tristesse, il est dur et sévère; dans la correction il est haineux et sans compassion: il parle au hasard, sans gravité, sans réflexion ; il est sans patience et sans charité; il lance l'injure avec hauteur et ne la reçoit qu'avec pusillanimité; il se soumet difficilement à l'obéissance, dédaigne les avertissements et est opiniâtre en sa volonté propre ; il s'efforce de faire prévaloir ses sentiments et refuse d'acquiescer jamais à ceux des autres; il ne prend conseil de personne et a plus de confiance en ses lumières que dans celles des sages.

Le premier remède contre un tel vice, c'est d'embrasser l'obéissance en toute simplicité de coeur, et de la pratiquer humblement. Le second c'est de se montrer humble envers ses frères dans toute la sincérité de son âme, s'efforçant de ne les blesser en rien par un parfait acquiescement à leurs vues. Le troisième c'est de s'exercer en tout temps, le plus qu'on le peut , aux oeuvres d'humilité, aux charges les plus viles et les plus dédaignées, comme de servir à la cuisine, laver la vaisselle , balayer la maison d'embrasser les offices les plus bas , de n'être revêtu que d'un pauvre habit, et d'avoir dans sa démarche un maintien où respire l'humilité. Si l'on contracte l'habitude de toutes ces choses, elles inclineront le coeur à cette vertu. Le quatrième c'est de fuir les honneurs, préférer de beaucoup en tout temps servir les autres que d'en être servi , retrancher dans son langage toute parole prétentieuse , tout nom de jactance, même le nom de sa famille. Enfin, en dernier lieu , éviter toute distinction et tout acte où respireraient tant soit peu la présomption et la vanité.

L'humilité, qui est opposée à l'orgueil, a trois degrés.

Le premier c'est de nous reconnaître nous-mêmes faibles, vides de bien , vicieux , pleins des autres défauts que nous pouvons avoir, et de ne pas nous élever au-dessus de ce que nous sommes.

Le second c'est de désirer être jugés par les autres selon qu'on se connaît soi-même dans la vérité, c'est-à-dire vil, misérable, superbe , etc.

Le troisième c'est de ne point s'enorgueillir lorsqu'on pratique les vertus les plus sublimes, lorsqu'on est environné d'honneurs, et de ne point en prendre occasion de se flatter soi-même, mais de tout rapporter à celui de qui nous avons tout reçu et de le lui restituer sans réserve. Telle fut l'humilité de Jésus-Christ; telle est l'humilité des anges et des saints dans la gloire.

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Published by Monastère Orthodoxe - dans Enseignement spirituel

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