Vincent était originaire d'une bonne famille gauloise. Il fit de bonnes études tant profanes que théologiques. Mais les choses religieuses ne l'attiraient guère. Il avouera lui-même n'être arrivé que fort tard "au port de la religion" après avoir été entraîné longtemps "dans le tourbillon amer et incohérent de la vie du monde." En ce temps-là, Honorat avait fondé, dans une des îles de Lérins, au large de Cannes, une petite communauté qui devint l'abbaye de Lérins. C'est là que Dieu appella Vincent, dans "ce lieu écarté (la petite île s'appelle aujourd'hui Saint-Honorat) et, dans ce lieu, la cellule d'un monastère." Dans cette retraite, la culture acquise dans sa jeunesse trouvera à s'employer. Il rédigera plusieurs écrits : un recueil de morceaux choisis de saint Augustin et surtout, sous le pseudonyme de Peregrinus (l'étranger, le migrant), le "Commonitorium" ou aide-mémoire dont le but est de donner une règle sûre permettant "de distinguer la vraie foi catholique de l'erreur des hérésies." Ce fut longtemps une des lectures des hommes d'Eglise dans l'Occident.