Saint Jean de Saint Denis
(1965)
Le dimanche de Sexagésime est un de ces dimanches admirables du point de vue du choix des lectures, desimmolatio, des graduels, des prières ; il nous prépare au grand Carême, à ces 40 jours qui symbolisent notre marche vers le Christ ressuscité, ils préparent la période que l'on peut souder à la vision du printemps, du réveil.
«Réveille-toi !» Précisément, il est temps de vous adresser la prière instante d'augmenter non seulement la confession générale, mais la confession personnelle. Nous sommes suffisamment nombreux comme prêtres pour qu'il y en ait un chaque soir pouvant vous confesser. Venez ! Que chacun de vous se confesse pendant le Carême.
J'ai remarqué que, chez ceux qui ne se confessent pas personnellement, se produisent une certaine dispersion, un manque d'intériorisation. L'homme est faible, il ne sait pas réellement discerner en lui, il ne sait pas distinguer encore s'il est sur une route ou sur le roc, s'il a de mauvaises herbes étouffant le bon grain semé. Faites-le, mes amis, confessez-vous !
Nous devons dans la confession placer, avant tout, nous et Dieu ; voir sans tricher notre attitude en face de Lui. L'aimons-nous, l'écoutons-nous en vérité ? Avons-nous honte de Dieu, de son Fils et de l'Esprit devant les autres ? Plongeons notre regard dans l'intimité de notre vie: sommes-nous des croyants? Après Dieu, plongeons notre regard dans notre attitude vis-à-vis de notre prochain, de nos proches et, enfin, vis-à-vis de nous-mêmes.
Je vous en supplie, usez du sacrement de la confession, ne pensez pas qu'elle dépend du prêtre. Quand vous arrivez à laconfession, le prêtre dit : «Le Christ est invisiblement présent, je ne suis que le témoin».
Et si vous approchez de la confession et du prêtre comme du Christ Lui-même, le prêtre vous dira les choses utiles. Traversez la personne du confesseur, confiez-vous à Celui qu'il représente et dont il est l'icône. Pourquoi est-elle nécessaire, cette confession devant un homme et non seulement devant Dieu ? Le Seigneur l'a dit : «Celui qui me confesse devant les hommes, Je le confesserai devant les anges» (Lc 12, 8).
L'Eglise primitive avait même la confession publique, ouverte à tous. Le saint dont je porte le nom, Jean de Cronstadt, la pratiquait aussi. Les gens se confessaient devant la foule, énonçant leurs péchés, mais il faut pour cela être d'une forte trempe, car d'une part, nous n'avons pas la force d'agir de cette manière et, d'autre part, nous sommes faibles et pouvons être choqués par les péchés du prochain. C'est pourquoi l'Eglise, condescendant à notre faiblesse, nous offre la confession devant le prêtre discret.
Mais il y a une force aussi à confesser ses péchés devant un témoin. Le Christ, dès le début, prenait toujours deux ou trois témoins. Partout, Il unissait le témoignage d'en-haut au témoignage d'en-bas. Nous avons le témoignage de l'Esprit qui éclaire notre conscience et celui de l'Eglise. Certes le prêtre est présent pour absoudre, mais en même temps pour être témoin ; en sa personne l'Eglise est présente, et même si votre confession est maladroite - nous ne savons pas nous confesser - vous en ressentirez une grande joie. Que de fois nous disons des choses inutiles, que de fois nous ne distinguons pas l'essentiel, n'ayant pas suffisamment l'habitude de jeter notre regard éclairé par la grâce en nous-même, dans l'homme intérieur. Je le répète, en dépit de la maladresse de votre confession, elle sera efficace. Ceci est ma demande avant le Carême. Vous pouvez, dès aujourd’hui, commencer, vous pouvez le faire. N'hésitez pas ! Si vous découvrez quelque chose que vous n'avez pas dit, revenez simplement vers le prêtre, avec cet esprit qui ne se juge pas, dévoilez votre état et attendez humblement la miséricorde divine. Souvenez-vous que, même si vos péchés sont cramoisis, le pardon de Dieu les fera blancs comme neige (Is 1, 18). Puisez à la source du renouveau, la confession est le printemps de l'âme.
Pour accueillir la joie pascale, pour vivre la Semaine Sainte, mourir et ressusciter en Christ, nous devons déjà nous préparer, afin que la semence tombe en une terre fertile et que notre être profite pleinement.
Telles sont mes paroles pour vous aujourd'hui.
Que Dieu vous bénisse et vous garde, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.