13 octobre 2010
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Vladimir GOLOVANOW
L'Église Hors Frontières EHF (métropole autonome au sein du patriarcat de Moscou depuis 2007) et OCAl'Église Orthodoxe en Amérique (autocéphalie accordée par le patriarcat de Moscou en 1970 mais non reconnue par Constantinople) ont mis en place une commission mixte pour "résoudre les problèmes qui empêchaient la pleine communion Eucharistique dans le passé et voir comment nous pouvons prier et travailler ensemble dans le future"(*). Les première réunions les 5 et 6 octobre 2010 à New York ont donné lieu à la concélébration des vigiles et de la sainte Liturgie, alternativement dans une église de chaque juridiction, et ont abouti à un document commun qui doit être soumis aux Synodes des deux Églises (cf. communiqué OCA ).
Nous pouvons nous réjouir en voyant ainsi surmonter plus de 80 ans de séparation et d'hostilité et, peut-être, en tirer des leçons !
L'Église Hors Frontières EHF (métropole autonome au sein du patriarcat de Moscou depuis 2007) et OCAl'Église Orthodoxe en Amérique (autocéphalie accordée par le patriarcat de Moscou en 1970 mais non reconnue par Constantinople) ont mis en place une commission mixte pour "résoudre les problèmes qui empêchaient la pleine communion Eucharistique dans le passé et voir comment nous pouvons prier et travailler ensemble dans le future"(*). Les première réunions les 5 et 6 octobre 2010 à New York ont donné lieu à la concélébration des vigiles et de la sainte Liturgie, alternativement dans une église de chaque juridiction, et ont abouti à un document commun qui doit être soumis aux Synodes des deux Églises (cf. communiqué OCA ).
Nous pouvons nous réjouir en voyant ainsi surmonter plus de 80 ans de séparation et d'hostilité et, peut-être, en tirer des leçons !
Rappel historique:
L'orthodoxie a été représentée en Amérique dès 1794 par la juridiction de l'Eglise russe qui regroupait, en 1918, 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais); tous recevaient l'antimansion pour leurs paroisses de la part des évêques russes et toutes les Eglises locales envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe pour les paroisses américaines. L'un de ses primats les plus connus a été de 1898 à 1907 le futur saint patriarche Tikhon, qui fit en particulier terminer la traduction des textes liturgiques en anglais.
La situation changea après 1921, quand le patriarcat de Moscou tomba sous la coupe du régime bolchevique: dés début 1920 un décret du saint patriarche Tikhon octroyait une large autonomie aux diocèses situés en dehors de la Russie "jusqu'à ce que des communications normales soient rétablies". Quand St Tikhon fut incarcéré (1922) les évêques à l'étranger se basèrent sur ce décret pour organiser un "Synode hors frontières", mais en 1926 l'Église d'Amérique, comme l'Archevêché d'Europe occidentale, refusérent de suivre le Synode hors frontière dans sa rupture avec le patriarcat de Moscou, ce qui provoqua en Amériques (comme en Europe) une scission en trois groupes: la majeure partie de l'Église d'Amérique resta nominalement dans la juridiction du patriarcat, mais en s'auto-administrant, sous le nom de "Église grecque-catholique orthodoxe russe en Amérique", les dissidents se rattachaient majoritairement à l'Église Hors Frontière et quelques paroisses restaient sous l'administration directe du patriarche de Moscou. Dans le même temps, plusieurs Églises locales créaient leurs propres diocèses sur le même territoire…
L'Église Hors Frontière se renforce considérablement en Amériques après 1945, avec l'afflux de nouveaux émigrants et le transfert de son siège à New York (1950), mais sa rupture de communion avec le patriarcat ne permet pas d'union eucharistique avec l'Église d'Amérique. À partir de 1960 celle-ci entame des pourparlers avec son Église-mère et obtient l'autocéphalie en 1970. Elle participe à la création de la SCOBA (1960, Standing Conference of Canonical Orthodox Bishops in the Americas), qui réunit toutes les Églises canoniques d'Amérique et dont l'Église Hors Frontière ne fait pas partie alors que les paroisses du patriarcat y sont aussi représentées.
2007 voit se réaliser le miracle du retour de l'Église Hors Frontière au Patriarcat de Moscou et, en mai 2010, les prélats de l'Église Hors Frontière participent à la première Assemblée épiscopale des Amériques du Nord et Centrale, continuateur de la SCOBA, dans la cadre de la délégation du patriarcat de Moscou.
Un parallèle limité:
Il y a des ressemblances historiques entre les évolutions de la Métropole américaine et de l'Archevêché d'Europe occidentale (Daru): les deux ont rompu en même temps avec le Synode hors-frontières pour rester au patriarcat de Moscou, mais ils divergent ensuite.
- Le Métropole garde ce statut canonique, avec une totale autonomie de facto (un peu comme le diocèse de Souroge, en Grande Bretagne, et, dans une certaine mesure, celui de Bruxelles avec Mgr Basile (Krivocheine) et obtient l'autocéphalie en 1970.
Après la réunification de 2007 les voies d'une entente avec l'Église Hors Frontière sont explorées et nous verrons sur quelle organisation canonique cela peut déboucher.
- Daru rejoint le patriarcat de Constantinople à titre provisoire (Tomos de 1931 cité comme référence en 1999)… et ce provisoire anti-canonique semble maintenant voulu définitif… Aucune avancée vers les autres juridictions de tradition russe n'est envisagée et la réorganisation en Europe occidentale se fera probablement sans l'Archevêché…
Notons que le patriarcat de Constantinople semble accepter la superposition de ses propres diocèses, pourtant anti-canonique: si ici nous avons Daru et les métropoles grecques, en Amérique, outre la grande Métropole grecque, il ya des diocèses autonomes ukrainien, carpato-ruthène et albanais…
(*) Traduit de l'anglais par VG
L'orthodoxie a été représentée en Amérique dès 1794 par la juridiction de l'Eglise russe qui regroupait, en 1918, 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais); tous recevaient l'antimansion pour leurs paroisses de la part des évêques russes et toutes les Eglises locales envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe pour les paroisses américaines. L'un de ses primats les plus connus a été de 1898 à 1907 le futur saint patriarche Tikhon, qui fit en particulier terminer la traduction des textes liturgiques en anglais.
La situation changea après 1921, quand le patriarcat de Moscou tomba sous la coupe du régime bolchevique: dés début 1920 un décret du saint patriarche Tikhon octroyait une large autonomie aux diocèses situés en dehors de la Russie "jusqu'à ce que des communications normales soient rétablies". Quand St Tikhon fut incarcéré (1922) les évêques à l'étranger se basèrent sur ce décret pour organiser un "Synode hors frontières", mais en 1926 l'Église d'Amérique, comme l'Archevêché d'Europe occidentale, refusérent de suivre le Synode hors frontière dans sa rupture avec le patriarcat de Moscou, ce qui provoqua en Amériques (comme en Europe) une scission en trois groupes: la majeure partie de l'Église d'Amérique resta nominalement dans la juridiction du patriarcat, mais en s'auto-administrant, sous le nom de "Église grecque-catholique orthodoxe russe en Amérique", les dissidents se rattachaient majoritairement à l'Église Hors Frontière et quelques paroisses restaient sous l'administration directe du patriarche de Moscou. Dans le même temps, plusieurs Églises locales créaient leurs propres diocèses sur le même territoire…
L'Église Hors Frontière se renforce considérablement en Amériques après 1945, avec l'afflux de nouveaux émigrants et le transfert de son siège à New York (1950), mais sa rupture de communion avec le patriarcat ne permet pas d'union eucharistique avec l'Église d'Amérique. À partir de 1960 celle-ci entame des pourparlers avec son Église-mère et obtient l'autocéphalie en 1970. Elle participe à la création de la SCOBA (1960, Standing Conference of Canonical Orthodox Bishops in the Americas), qui réunit toutes les Églises canoniques d'Amérique et dont l'Église Hors Frontière ne fait pas partie alors que les paroisses du patriarcat y sont aussi représentées.
2007 voit se réaliser le miracle du retour de l'Église Hors Frontière au Patriarcat de Moscou et, en mai 2010, les prélats de l'Église Hors Frontière participent à la première Assemblée épiscopale des Amériques du Nord et Centrale, continuateur de la SCOBA, dans la cadre de la délégation du patriarcat de Moscou.
Un parallèle limité:
Il y a des ressemblances historiques entre les évolutions de la Métropole américaine et de l'Archevêché d'Europe occidentale (Daru): les deux ont rompu en même temps avec le Synode hors-frontières pour rester au patriarcat de Moscou, mais ils divergent ensuite.
- Le Métropole garde ce statut canonique, avec une totale autonomie de facto (un peu comme le diocèse de Souroge, en Grande Bretagne, et, dans une certaine mesure, celui de Bruxelles avec Mgr Basile (Krivocheine) et obtient l'autocéphalie en 1970.
Après la réunification de 2007 les voies d'une entente avec l'Église Hors Frontière sont explorées et nous verrons sur quelle organisation canonique cela peut déboucher.
- Daru rejoint le patriarcat de Constantinople à titre provisoire (Tomos de 1931 cité comme référence en 1999)… et ce provisoire anti-canonique semble maintenant voulu définitif… Aucune avancée vers les autres juridictions de tradition russe n'est envisagée et la réorganisation en Europe occidentale se fera probablement sans l'Archevêché…
Notons que le patriarcat de Constantinople semble accepter la superposition de ses propres diocèses, pourtant anti-canonique: si ici nous avons Daru et les métropoles grecques, en Amérique, outre la grande Métropole grecque, il ya des diocèses autonomes ukrainien, carpato-ruthène et albanais…
(*) Traduit de l'anglais par VG
Rédigé par Vladimir Golovanow le 12 Octobre 2010 à 10:22
Published by Monastère Orthodoxe de l'Annonciation
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