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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 10:48

La Croix

Dense et courageux, le Synode pour le Moyen-Orient s’est achevé dimanche 24 octobre sur des propositions et un message marquant l’entrée des Églises orientales dans une « Pentecôte » espérée

Des évêques au cours de la messe conclusive de l'assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient, dimanche 24 octobre en la basilique Saint-Pierre de Rome (AP/Gregorio Borgia). 



Un contexte politique explosif, des Églises divisées, un temps de préparation trop bref, une durée réduite, des temps de parole très limités… Ce Synode pour le Moyen-Orient pouvait tourner court, s’étioler en pieuses considérations. Il n’en a rien été.

Dans un climat plus que vivant, avec assiduité, et le plus souvent en présence du pape, très attentif, les 165 pères synodaux des Églises orientales ont pris le risque – pour la première fois soulignent beaucoup – d’une véritable « Pentecôte » entre eux et face au monde.



Surmontant leur diversité confessionnelle (sept Églises étaient présentes), culturelle – Afrique du Nord, Turquie, Iran, Golfe, Terre sainte : autant de « mondes à part » –, ils sont allés très vite à l’essentiel, et en français, langue unifiante de ce Synode, composant, selon les termes de Benoît XVI, la « polyphonie d’une foi unique ». Et ce même s’ils souhaiteraient voir l’arabe adopté comme l’une des langues officielles du Saint-Siège.

Condamnation de «l’antichristianisme», de «l’antisémitisme» et de «l’islamophobie»

Les 44 propositions remises au pape et le message final en 12 points révèlent le défi majeur que les catholiques orientaux ont décidé de relever tous ensemble : se faire les avocats des droits de l’homme dans cette partie du monde. Liberté religieuse, liberté de conscience, égalité des citoyens : ces droits, élémentaires ailleurs, sont encore ici à conquérir.

Benoît XVI l’a rappelé dans son homélie finale. Non pas tant face à un islam avec lequel – au moins dans leur discours public – les participants tiennent à maintenir un dialogue de vie et un dialogue culturel, mais au nom du bien commun indispensable à tous, chrétiens, juifs et musulmans, citoyens d’une même terre, enfants d’un même Dieu.

Par ailleurs, le Synode condamne « l’antichristianisme » tout autant que « l’antisémitisme » et « l’islamophobie », affirmant, au grand dam de l’ambassade d’Israël près le Saint-Siège, qu’il n’est « pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire un instrument pour justifier les injustices ».

L'éducation au coeur du dispositif

Sur ce socle, les chrétiens d’Orient promettent de fortifier l’unité dans leur diversité, de s’exprimer d’une seule voix, de promouvoir, par exemple, célébrations et séminaires communs. À leurs émigrés, dont l’exil tourne à l’hémorragie, ils lancent un appel au retour, leur promettant des projets de développement locaux. Aux nouveaux immigrés (Philippins, Indiens, Soudanais, etc.), ils s’adressent avec sollicitude, conscients de « l’esclavage moderne » dont ils sont victimes, notamment dans le Golfe.



Et parce que « l’homme est ennemi de ce qu’il ignore » – selon la formule de Mgr Mounged El Hachem, ancien nonce apostolique dans le Golfe –, l’éducation, ouverte à tous sans distinction, est au cœur du dispositif pacifiant que veulent animer, plus que jamais, les catholiques d’Orient. Avec le secret espoir qu’en formant à la paix et à la justice les fils et filles des élites, on réformera, à terme, les systèmes iniques.

À l’évêque de Rome, dont ils reconnaissent sans réticence la primauté, les patriarches orientaux adressent deux messages, à intensité variable. L’extension de leur juridiction hors de leur territoire patriarcal leur permettrait à la fois d’adresser un signal de liberté à leurs cousins et voisins orthodoxes, mais aussi de veiller sur leurs communautés éloignées et menacées par la sécularisation qu’ils redoutent.

«Nous sommes tous d’anciens orthodoxes»

Leur revendication visant à autoriser le ministère des prêtres mariés orientaux en territoires occidentaux doit se lire dans ce contexte. Le souhait de participer au conclave – et donc à l’élection du pape – sans être nécessairement cardinal ne semble pas, en revanche, rallier tous les suffrages des sept patriarches.



La liturgie, les laïcs, les jeunes, les femmes font l’objet d’un rattrapage à marche forcée, en vue de la nécessaire « révision de vie » engagée par ce Synode, selon les termes de Mgr Youhanna Golta, évêque de Curie d’Alexandrie des coptes (Égypte). Comme si Vatican II n’avait pas tout à fait touché les rivages orientaux, « en raison du poids de nos traditions », reconnaît un participant.



Seul l’œcuménisme a été maintenu, durant ces deux semaines, en basse intensité, comme s’il devait rester l’affaire de Rome. « Après tout, nous sommes tous d’anciens orthodoxes », constate un participant, désolé devant « l’orgueil historique des Églises mères ». Si la formulation d’un Notre Père commun en arabe pourrait être à portée de main, la célébration de Pâques à une date commune est mise « entre les mains du Saint-Esprit».

La prudence a régné. Trop peut-être

Pastoral ou politique ? Ce Synode fut assurément pastoral dans sa parole publique, et très politique dans ces couloirs, lors des pauses ou en carrefours. Ad extra, la prudence a régné. Trop peut-être, pour Mgr Georges Casmoussa, archevêque syrien de Mossoul (Irak) qui déplore, auprès de La Croix, la faiblesse du message sur l’Irak.

L’appel aux pèlerins a été renouvelé, comme soutien indispensable à ces communautés. Et Rome a, jusqu’au bout, pleinement joué son rôle : celui d’une « zone libre » à l’écart des démons du Moyen-Orient, garante d’une catholicité universelle.

Frédéric MOUNIER, à Rome

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Published by Monastère Orthodoxe de l'Annonciation - dans Actualités

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