le 2 mars
Vie de saint Chad, évêque de Lichfield, province de Mercie
L’essentiel de la vie de saint Chad et de son frère Cedd nous est connue par L’Histoire ecclésiastique du peuple anglais de saint Bède le Vénérable, qui indique s’être renseigné auprès des moines de l’abbaye de Lastingham, (North Yorkshire), dont tous deux furent successivement abbés.
Chad et ses trois frères aînés, Cedd, Cynibil et Caelin, issus d’une famille noble de Northumbrie, jouèrent tous un rôle important dans l’Eglise anglo-saxonne. Chad succéda d’abord à son frère Cedd comme abbé de Lastingham, puis il fut le premier évêque de Mercie et de Lindsey, son siège étant à Lichfield.
Chad et Cedd avaient été disciples de saint Aidan, fondateur du célèbre monastère de Lindisfarne. Saint Aidan était lui-même disciple de saint Columba, à Iona, et avait été appelé par le roi Oswald de Northumbrie pour fonder ce monastère. Ainsi saint Chad relevait-il de la tradition monastique irlandaise, inspirée de saint Martin de Tours bien plus que de saint Benoît. Une fois moine, il se rendit en Irlande pour se perfectionner dans cette tradition caractérisée par des pratiques ascétiques, l’exégèse biblique et un sens approfondi de l’eschatologie. D’une façon générale, les Eglises d’Irlande et du nord et de l’ouest de la Bretagne (l’Angleterre actuelle), c’est-à-dire le Pays de Galles et la Cornouaille, avaient une histoire et des traditions très différentes de celles du sud du pays , très influencé par Rome depuis les missions de saint Augustin de Cantorbéry(597). Le « synode de Whitby » (663-664) devait marquer le triomphe des pratiques romaines sur les pratiques celtiques, ce qui n’alla pas sans résistances, notamment de la part de saint Chad.
Une épidémie de peste se déclara qui causa la mort de nombreux ecclésiastiques de haut rang, en particuliers Cedd, le frère aîné de Chad qui lui succéda alors comme abbé de Lastingham. L’évêché de Northumbrie se trouve aussi vacant. Le candidat choisi pour ce siège fut Wilfrid, zélé partisans de la cause romaine. Comme il ne se trouvait pas trois consécrateurs, il se rendit dans le royaume franc de Neustrie et fut sacré à Compiègne par plusieurs évêques dont celui de Paris, Agilbert.
Cependant, le roi de NorthumbrieOswiu, trouvant le temps long, désigna Chad comme évêque. Chad, se heurtant au même manque d’évêques consécrateurs, se rendit en Wessex, où il fut consacré par l’évêque des Saxons de l’Ouest, Wini, et deux évêques gallois dont aucun n’était reconnu par Rome.
Chad commença alors sa vie d’évêque missionnaire, toujours en voyage, visitant villes, bourgades et campagnes, et prêchant l’Evangile comme il l’avait reçu de saint Aidan. Bède dit de lui qu’ « il accomplissait diligemment comme un devoir tout ce qu’il avait appris des Saintes Ecritures qui devait être fait ».
Wilfrid, de retour en Angleterre en 666, constata que Chad occupait son siège mais ne rivalisa pas avec lui et se consacra à introduire les pratiques romaines dans des monastères tels que que Gilling et Ripon. Toutefois, en 669, Théodore de Tarse, le nouvel archevêque de Canterbur envoyé par le pape Vitalien, restaura Wilfrid et déposa Chad, qui se retira à Lastingham. Cependant, impressionné par la piété, le zèle et l’humilité de Chad, il lui conserva son rand épiscopal.
Plus tard dans la même année, le roi de Marcie Wulfhere demanda un évêque pour son royaume. Théodore fit alors appel à Chad qui fut nommé « évêque des Merciens et du peuple de Linsdsey (à peu près le Lincolnshire).Chad fonda sur des terres données par le roi, à Lichfield, un monastère qui devint le siège de l’évêché. Il reprit son activité « à la manière des anciens Pères et avec une grande perfection de vie » (Bède), comme dans son précédent diocèse.
Chad mourut à son tour de la peste et fut enterré dans l'église de St Mary, plus tard englobée dans la cathédrale de Lichfield. Bède conte ainsi sa mort. Un jour que Chad étudiait seul dans son oratoire, un moine qui travaillait à l’extérieur entendit un chant joyeux venant du ciel qui descendait jusqu’à l’oratoire et le remplissait. Puis il y eut un silence d’une demi-heure, suivi par le même chant joyeux qui retournait d’où il était venu. Une heure plus tard, Chad lui demanda de convoquer les autres moines. Il s’adressa à eux, leur demandant instamment de garder la discipline monastique qu’ils avaient apprise, ajoutant qu’il savait que sa mort était proche, parant d’elle comme « cet hôte amical qui a coutume de visiter les frères ». Comme le moine qui avait entendu les chants l’interrogeait en privé, saint Chad lui recommanda de n’en pas parler et lui expliqua que les anges étaient venus lui annoncer sa récompense céleste et leur retour dans sept jours pour venir le chercher. Effectivement il mourut sept jours plus tard, le 2 mars 672. Un vieil ami de saint Chad conta plus tard que quelqu’un en Irlande avait eu la vision de l’armée céleste venant chercher l’âme du saint et repartant avec elle. Il s’avéra que ce quelqu’un était Cedd, son frère aîné.
Dès après sa mort, Chad fut vénéré comme un saint et ses reliques, renfermées dans une précieuse châsse firent l’objet d’un culte important tout au long du Moyen-Age, d’autant qu’elles étaient réputées comme miraculeuse. Lors de la Réforme, elles furent partiellement sauvées de la destruction et se retrouvèrent un temps en France. Depuis, elles ont regagné la Grande-Bretagne et sont conservées dans la cathédrale catholique romaine de Birmingham qui est sous l’invocation de saint Chad. Trente-trois églises anciennes et plusieurs puits ont été dédiés à saint-Tchad, principalement dans les Midlands.