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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 01:48

Honorat appartenait à l'aristocratie gallo-romaine pour qui le consulat apparaît encore, au cinquième siècle, comme le plus beau couronnement d'une carrière. Sa famille était aisée. Elle possédait des domaines dont Honorat hérita avec son frère à la mort de leur père. Ce dernier était probablement déjà avancé en âge au moment de la conversion de son fils. L'enfance d'Honorat fut choyée, sa jeunesse se passa dans la richesse et le luxe. Il reçut une éducation classique. Hilaire parle avec admiration et vénération des lettres écrites par Honorat. Il nous dit aussi que, devenu évêque d'Arles, Honorat prêchait chaque jour avec perspicacité et clarté, surtout lorsqu'il dissertait sur la divine Trinité.

La vocation religieuse d'Honorat se manifeste très tôt et le désir du baptême semble lié à l'attirance qu'il éprouve pour la vie monastique. Il entama alors un catéchuménat qui dura trois années. C'est bien un tout jeune homme qui s'élance alors vers la vie religieuse. Son frère aîné, Venantius, se convertit à son tour. Et tous deux se mirent à pratiquer l'ascèse dans leur patrie, à Trèves. Dans leur demeure, dont ils ont hérité, et qui avait connu le faste et les brillantes réceptions, ils accueillaient les voyageurs et offraient l'hospitalité aux pauvres sur leurs propres terres. Ils cherchaient en tous points à mettre en pratique les préceptes de l'Evangile. Et ils y réussirent si bien que leur renommée se répandit et déborda la ville et la contrée, au point que, effrayés par leur propre gloire, ils décidèrent de fuir en vendant tous leurs biens afin d'en distribuer aux pauvres les bénéfices.

Ils s'embarquent à Marseille pour rejoindre la Grèce. Hélas, Venantius y meurt. Et Honorat, malade, après ce séjour malheureux, revient en Occident afin de poursuivre son ascèse sous des cieux plus cléments. Après un bref séjour en Italie, où il noue des liens d'amitié avec les communautés chrétiennes du pays, il rentre en Gaule du sud pour s'installer à Lérins.

Honorat et Caprais arrachèrent petit à petit les ronces, les salsepareilles, et bientôt abondèrent lentisques, cistes, genévriers et genêts. Honorat et Caprais bâtirent deux abris sommaires avec des pierres plates et des branchages, et ils reprirent la vie érémitique commencée au pic du Cap-Roux. Ainsi, peu à peu, dans l'absolue solitude de Lérins à peine troublée par le passage, de temps en temps, d'un pécheur qui apportait l'eau et quelques galettes de pain, offrande du petit peuple fidèle d'Agay, Honorat se préparait à la plus haute perfection, en compagnie de Caprais.

Mais, comme il fallait s'y attendre, l'installation d'Honorat et de Caprais à Lérins provoqua un grand mouvement de curiosité sur tout le littoral. Certains, parmi cette foule, touchés par l'exemple des deux moines, se construisaient un abri sur le rocher, quémandant humblement chaque jour un conseil pour se livrer à leur tour aux mortifications corporelles et à la purification de l'esprit, prélude au grand voyage vers les immensités intérieures où les happait l'irrésistible appel de Dieu. Peu à peu se constituait sur l'île, contre le désir des deux moines, ce type intermédiaire entre l'érémitisme et le monastère organisé : la laure, où chacun vivait seul dans son abri pour se retrouver le dimanche à la célébration de la synaxe eucharistique. L'évêque Léonce avait ordonné prêtre Honorat qui s'en était défendu en vain. Après avoir longuement prié, Honorat demanda conseil à l'évêque Léonce, et il se décida, à l'heure même où Cassien songeait à fonder à Marseille le grand monastère de Saint-Victor, à faire à son tour acte solennel de cénobitisme. Il grouperait autour d'une règle monastique commune inspirée des Pères, les hommes épris de Dieu et prêts à tout quitter pour son seul amour.

Le renom du fondateur de Lérins a dépassé très vite les limites de la Provence et du sud de la Gaule. Le retentissement de Lérins, son rayonnement da pas tardé à susciter des vocations illustres : Hilaire d'Arles, Loup de Troyes, Hucher de Lyon, Vincent de Lérins, Fauste de Riez, Salvien de Marseille. Tous ont vécu dans l'île avant l'an 430 et parmi ces hommes qui venaient rejoindre Honorat, beaucoup étaient originaires du nord de la Gaule.

En aimant ses frères, il fait naître l'amour du Christ dans leurs cœurs. Inversement, ces hommes partagent un même amour pour Honorat. Il est le médiateur qui leur permet d'accéder à l'amour de Dieu. Ainsi Honorat, aimé de tous, n'occupe pas seulement une place centrale au milieu de ses frères. L'amour qui l'unit à chaque membre de la communauté s'exerce aussi selon une ligne verticale à l'intérieur d'une structure hiérarchique dans laquelle il occupe une place intermédiaire entre Dieu et les frères de la communauté monastique.

Quand Honorat s'assit sur le siège épiscopal d'Arles, il trouva les caisses du trésor pleines de richesses amassées par ses prédécesseurs. Le dernier, Helladius, était pourtant un moine. Honorat n'hésita pas et, nous dit Hilaire, «il exclut tout amas d'injustes richesses, et tout ce qui avait été accumulé sans but fut enfin affecté à des usages légitimes. Ceux qui étaient morts commencèrent à bénéficier de leurs trésors et les donateurs purent enfin éprouver les soulagements qu'ils avaient voulus en faisant leurs offrandes. Il ne réserva, pour l'évêché, que ce qui devait suffire aux nécessités du ministère».

Lorsqu'il entra en agonie, les corps constitués affluèrent, ainsi que le préfet en exercice et les anciens préfets, selon l'usage de l'époque. Le Saint ne manqua pas une si belle occasion de les chapitrer. Et, toujours grâce à Hilaire, nous possédons l'unique sermon qui ait été conservé d'Honorat : «voyez quelle fragile demeure nous habitons ! Si haut que nous montions, la mort nous en fera descendre. Vivez donc votre vie de telle façon que vous ne redoutiez pas le terme, et ce que nous appelons la mort, attendez-le comme un simple passage». Puis, après les avoir menacés de l'enfer, il rappela ce que fut sa règle monastique. «Il faut que l'esprit reconnaisse sa nature supérieure et livre combat aux vices charnels. Ce n'est qu'à ce prix qu'il conservera l'une et l'autre substance sans tache pour la paix éternelle». Enfin, il lança un suprême avertissement concernant tous les moines de l'avenir : «Que nul parmi vous ne soit prisonnier de l'amour excessif dit monde. Que personne ne s'abandonne aux richesses». Et il répétera avant de s'endormir dans la paix de la mort : «Que nul ne soit l'esclave de l'argent, que nul ne se laisse corrompre par la vaine apparence des biens terrestres. C'est un crime de faire un instrument de perdition de ce qui pourrait vous servir à acheter le salut, et de rendre esclave au moyen de ce qui pourrait vous reconquérir la liberté».

A l'instant même où son esprit quittait son corps, au milieu de la nuit, de nombreux arlésiens réveillés furent frappés, par la vision du Saint que recevait une cohorte céleste. Tous se levèrent puis coururent jusqu'à l'évêché. «On aurait dit, note Hilaire, que tout le monde avait été réveillé par un avertissement des anges».

Extrait du texte de Marie Borrély (tiré de la revue "Orthodoxes à Marseille" N° 66 et 67)

(tiré de la revue N° 66 et 67)

http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/synaxaire/stHonorat.htm
http://www.encyclopedie-universelle.com/abbaye%20de%20L%E9rins.html
http://cal64.club.fr/html/d0883.htm

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