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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 00:07
4 enseignements de la Théophanie

Matthieu 3, 13 à 17
Alors Jésus arrive de la Galilée au Jourdain, vers Jean, pour être baptisé par lui.
Celui-ci l'en détournait, en disant :"C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi !"
Mais Jésus lui répondit :"Laisse faire pour l'instant : car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice."Alors il le laisse faire.
Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l'eau ; et voici que les cieux s'ouvrirent : il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et voici qu'une voix venue des cieux disait :"Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur."

 

Alors Jésus  parait, alors Jésus parle, alors Jésus agit.

Dans l’Evangile de Matthieu au chapitre précédent Jésus enfant est revenu d’Egypte avec ses parents pour s’établir à Nazareth.
 

Et brusquement le temps se contracte et Jésus apparait devant Jean comme  un homme adulte à l’autorité spirituelle incontestable. C’est une apparition soudaine qu’exprime le verbe grec « Paraginomaï ».
 

J’en ai une vision cinématographique. Une petite silhouette venant de l’horizon, à contre-jour, sombre par contraste, toute auréolée de lumière qui grandit au fur et à mesure de son approche.
 

Jésus, homme et Dieu parait à cet instant dans l’histoire, dans notre histoire. Et c’est avec cette même soudaineté qu’il nous surprend quand il entre dans notre vie pour en devenir le centre. Il sort de l’ombre pour manifester dans son humanité sa filiation divine, pour nous révéler qu’en rencontrant l’homme Jésus qui traverse les Evangiles nous rencontrons Dieu.
 

En se faisant baptiser Jésus accomplit le premier acte visible de sa vie publique, un acte d’humilité, l’acte d’un Dieu qui s’abaisse devant sa créature. Et s’adressant à Jean-Baptiste, Jésus parle pour la première fois  dans l’Evangile de Matthieu et sa parole est celle du Verbe incarné, et sa parole est créatrice.
 

Jésus parait, Jésus parle, Jésus agit, et le ciel s’ouvre, et l’Esprit descend sur lui et Dieu le Père fait entendre sa voix pour reconnaître son Fils. Nous assistons alors à une nouvelle Genèse, à une création nouvelle, à l’accouchement d’un monde nouveau engendré par l’Esprit. 
 

Et c’est ce qui se passe quand Jésus vient à nous.  C’est ce qui se passe quand une parole de Jésus lue ou entendue nous frappe et nous interroge.

Dieu s’est incarné, il est entré dans les mots. Alors Jésus parait au bord du fleuve de notre vie, il se laisse voir, il se laisse entendre, il remonte de nos sombres eaux où il était plongé recouvert par toutes ces choses si importantes pour nous qui encombrent notre esprit et notre temps et par toutes nos certitudes illusoires qui le niaient et le repoussaient. Alors s’accomplit en nous immédiatement, « aussitôt » dit le texte, une théophanie intérieure, la révélation de Dieu en nous qui nous transforme, une nouvelle naissance.
 

Jésus parait, parle, agit et le ciel de nos ténèbres se déchire, la lumière pénètre dans notre cœur, l’Esprit descend sur nous et une voix intérieure nous dit qu’en Jésus nos vies ont un sens.
 

Ecouter et lire les Evangiles, écouter et lire la vie des saints c’est voir Jésus, c’est entendre Jésus, c’est laisser agir Jésus en en nous, et c’est grandir en Christ, se transformer en lui, devenir lui ou plutôt le laisser être lui en nous.

C'est « accomplir toute justice » c’est-à-dire faire ce qui est juste aux yeux du Père : devenir Christ. Alors en Christ Dieu peut manifester son plaisir et nous dire « tu es mon fils », « tu es ma joie », « aujourd’hui je t’ai engendré » et « en toi je me complais ».

Un autre enseignement que nous dévoile le texte qui rapporte le baptême du Christ est l’importance de la notion de « descente » et d’humilité.

Jésus vient vers le Jourdain pour être baptisé. Jourdain en hébreu se dit « Yarden », « celui qui descend ». Baptiser en grec se dit « Baptizo »,  « immergé » et pour être immergé Jésus descend dans l’eau de « celui qui descend » et dont il remontera comme remontera le Jourdain refluant vers sa source au contact du Christ selon ce qu’en rapporte la tradition.
 

La descente est première, c’est le sens de l’incarnation, la kénose de Dieu dans l’homme, l’abaissement du Tout Puissant dans le petit enfant, dans le juste qui demande à Jean de le laver des péchés qu’il n’a pas commis, dans le serviteur souffrant sur la croix qui prend sur lui nos péchés pour les laver dans le sang de son sacrifice.
 

C’est en osant descendre dans nos profondeurs que nous pourrons regarder le péché  que nous ne voulons pas voir, le prendre dans nos mains tremblantes et le déposer comme notre seul vrai présent aux pieds de celui dont nous n’avons pas voulu dans l’auberge de notre vie mondaine et qui nous attend nu et fragile dans la froide grotte de notre cœur.
 

La Théophanie nous a donc déjà délivré deux enseignements. Le premier est celui de la Parole qui nous dit que dans les Evangiles c’est Jésus qui vient vers nous et que si nous lisons et entendons les Ecritures alors la puissance de Dieu peut se manifester en nous. Le second c’est celui de l’humilité qui nous montre que la seule possibilité de rencontrer véritablement Dieu c’est de nous humilier par la prise de conscience de notre péché pour le trouver au plus profond de son infinie humilité.
 

Je voudrais maintenant vous parler d’un troisième enseignement que j’appellerai l’enseignement des légumes au vinaigre.
 

Deux cents ans avant Jésus-Christ le physicien et poète grec Nicander pour expliquer la recette des conserves de légumes au vinaigre utilise deux mots grecs qui révèlent leur sens  profond. « Le légume doit être plongé (Bapto) dans de l’eau bouillante puis immergé (Baptizo) dans le vinaigre. Les deux verbes concernent une action d’immersion mais la première est temporaire et brève alors que la seconde est une action de longue durée et définitive. »
 

Et c’est le mot «Baptizo » qui  est utilisé dans tout le Nouveau testament. Le baptême du Christ, avec le Christ, n’est pas une purification temporaire c’est une véritable immersion définitive en Lui.

Comme les légumes dans le vinaigre, nous par le baptême et la communion nous sommes imbibés, imprégnés du Christ, de l’Esprit du Christ, sans fusion ni confusion et dans le vinaigre de l’Esprit nous avons la vie éternelle.
Pour rester humbles rappelons-nous donc de temps en temps que nous sommes seulement les petits cornichons de Dieu. 

 

Le dernier enseignement de la Théophanie que je voudrais vous partager c’est celui que j’appellerai « présence agissante du Christ au milieu de nous ».

Le baptême du Christ manifeste la puissance divine à l’œuvre dans le monde. Et depuis cet événement chaque acte du Christ ouvre les portes du Ciel. Et celui qui en a reçu le droit peut lui aussi ouvrir les portes du Ciel en reproduisant les gestes et les paroles mêmes du Christ et en les faisant en son nom.

L’évêque ou le prêtre a reçu ce pouvoir. Quand l’évêque ou le prêtre reproduit les gestes et les paroles du Christ, c’est le Christ qui agit par lui et ces gestes et ces paroles sont des sacrements, ils sanctifient, ils ouvrent les portes du Royaume et font descendre la puissance de Dieu sur la terre.
 

Quand le prêtre bénit le sel et les eaux il fait descendre la grâce de Dieu sur le sel et les eaux qui la transmettent à leur tour à qui les touche avec foi ; quand le prêtre plonge la croix dans l’eau du baptistère c’est le Christ qui descend dans les eaux et c’est le Christ qui baptise, qui purifie, qui sanctifie les eaux et toute la création.

Quand le prêtre répète les gestes et les paroles de la Sainte Cène le feu de l’Esprit fait du pain et du vin le corps et le sang du Christ. Quand le prêtre nous écoute en confession et qu’il nous pardonne nos péchés c’est le Christ qui nous écoute et qui par lui nous pardonne. Le Christ efface notre dette et elle ne nous sera pas réclamée au jour du Jugement dernier.
 

N’oublions pas de demander aussi souvent que possible la bénédiction de nos évêques et de nos prêtres pour recevoir la grâce divine qui nous sanctifie.
 

Pour votre profit gardez en mémoire ces quatre enseignements de la Théophanie avec ces repères mnémotechniques : 
Jésus parait et nous rencontrons le Christ.
Jésus s’abaisse et nous nous humilions devant le Christ
Jésus baptise et nous sommes immergés dans le Christ
Jésus bénit et nous sommes sanctifiés par le Christ.

 

A Lui notre Seigneur soit l’Honneur, la Puissance et la Gloire aux siècles des siècles. Amen !

 

Diacre Marc-Elie

http://www.seraphim-marc-elie.fr/

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