"Les richesses nous sont étrangères, parce qu'elles sont en dehors de notre nature [...]. Ne soyons pas esclaves des biens extérieurs, puisque nous ne devons connaître d'autre Seigneur que le Christ..." (Traité sur l'Evangile de Luc, VII).
"L'histoire éduque, la loi enseigne, la prophétie annonce, la réprimande châtie, la morale persuade : dans le livre des psaumes, on trouve l'avancement de tous et comme un remède pour la santé du genre humain. Il suffit de les lire pour avoir de quoi guérir les blessures de sa souffrance par un remède approprié. Il suffit de vouloir les considérer pour découvrir, comme dans un gymnase ouvert à toutes les âmes et comme dans un stade consacré à l'exercice des vertus, les différents genres de combats qui nous attendent, et l'on peut y choisir celui auquel on se juge le plus apte et par lequel on remportera plus facilement la couronne." (Commentaire sur le Psaume 1, 4.7.8)
"Le Seigneur est venu au baptême, car il s'est fait tout pour vous : Pour les sujets de la Loi, il a été circoncis afin de gagner les sujets de la Loi ; à ceux qui étaient sans loi, il s'est associé en partageant leur repas afin de gagner ceux qui vivaient sans loi. Pour les infirmes, il s'est fait infirme par la souffrance du corps afin de les gagner. Enfin, il s'est fait tout à tous, pauvre pour les pauvres, riche pour les riches, pleurant avec ceux qui pleurent, affamé avec les affamés, altéré avec les altérés, large avec ceux qui sont dans l'abondance. Il est en prison avec le pauvre, avec Marie il pleure, avec les Apôtres il mange, avec la Samaritaine il a soif, au désert il a faim pour que la nourriture savourée par le premier homme en sa prévarication fût expiée par le jeûne du Seigneur. C’est à notre détriment qu’Adam a rassasié sa faim de la science du bien et du mal ; c’est pour notre profit que le Christ a enduré la faim." (Ambroise, Traité sur l'Evangile de Luc, PL, col. 1613-1614, in Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes de Jean-René Bouchet, pp. 110-111).
"N'ayons pas peur si nous avons gaspillé en plaisirs terrestres le patrimoine de dignité spirituelle que nous avons reçu. Le Père a remis au Fils le trésor qu'il avait. la fortune de la foi ne s'épuise jamais. Aurait-on tout donné, on possède tout, n'ayant pas perdu ce que l'on a donné. Ne redoute pas que le Père refuse de t'accueillir : car "Dieu ne prend pas plaisir à la perte des vivants" (Sag., I, 13). Il viendra en courant au-devant de toi, il se penchera sur toi — car "le Seigneur redresse ceux qui sont brisés" (Ps. 145, 8) — il te donnera le baiser, qui est gage de tendresse et d'amour, il te fera donner robe, anneau, chaussures. Tu en es encore à craindre un affront, il te rend ta dignité. Tu as peur du châtiment, il te donne un baiser. Tu as peur des reproches, il te prépare un festin." (Traité sur l’Evangile de St Luc, PL 15, col. 1755 sq)
"Qu'est-ce donc que voir Dieu ? Ne me le demandez pas ; demandez à l'évangile, demandez au Seigneur lui-même ; ou plutôt, écoutez-le : "Philippe, dit-II, celui qui m'a vu a vu aussi le Père qui m'a envoyé. Comment peux-tu dire : Montrez-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ?" (Jn, XIV, 9-10). Non certes que l'on voie les corps l'un dans l'autre, ou les esprits l'un dans l'autre ; mais ce Père est le seul que l'on voie dans son Fils, comme ce Fils dans son Père. On ne voit pas l'un dans l'autre, en effet, des personnages dissemblables ; mais du moment qu'il y a unité d'opération et d'activité, on voit et le Fils dans le Père et le Père dans le Fils. "Les œuvres que j'accomplis, dit-II, Lui aussi les accomplit" (cf. Jn, V, 19). On voit Jésus dans ses œuvres ; dans les œuvres du Fils on voit aussi le Père. On a vu Jésus en voyant le mystère qu'il accomplit en Galilée (Jn, II, 9) ; car personne, sinon le Maître du monde, ne peut transformer les éléments. Je vois Jésus quand je lis qu'il enduisit de boue les yeux de l'aveugle et lui rendit la vue (Jn, IX, 6) : je reconnais là Celui qui a façonné de boue l'homme et lui a donné le souffle de vie, la lumière pour voir. Je vois Jésus quand II pardonne les péchés ; car "personne ne peut remettre les péchés que Dieu seul" (Mc, II, 5, 7). Je vois Jésus quand Il ressuscite Lazare, et les témoins oculaires ne l'ont pas vu. Je vois Jésus, je vois aussi le Père quand je lève les yeux au ciel, quand je les tourne vers la mer, quand je les ramène sur la terre ; car "ses perfections invisibles sont aperçues et saisies au moyen des objets créés" (Rom., I, 20)." (Traité sur l'Evangile de Saint Luc, I)
"L'attention force la porte de la vérité. Ainsi donc obéissons aux préceptes du ciel ; car ce n'est pas en vain qu'il fut dit à l'homme, à l'exclu-sion de tout animal : "A la sueur de ton front tu mange-ras ton pain" (Gen., III, 19). Pour les autres animaux, naturellement dépourvus de raison, Dieu a ordonné à la terre d'assurer leur pâture ; pour l'homme seul et afin qu'il exerce la raison dont il est doué, le travail devient la loi de la vie. Puisqu'il ne se contente pas de la pâture des autres animaux, puisqu'il ne lui suffit pas des espèces fruitières, nourriture commune assurée à tous, mais qu'il recherche les mets délicats et variés, fait venir ses délices des pays d'outre-mer, glane ses délices dans les flots, il ne doit pas refuser, demandant sa vie au travail, d'endurer un moment de travail pour la vie éternelle. Celui donc qui vient prendre part aux luttes de ces saintes recherches, qui dépose les soucis de la vie présente exposée à l'erreur et, dépouillé de tout mal, champion du bien, les membres de l'âme imprégnés de l'huile de l'Esprit, se mêle aux luttes pour la vérité, méritera sans aucun doute la récompense sans fin des saintes couronnes. Car "le bon travail porte d'illustres fruits" (Sag., III, 15) et plus nombreux sont les combats, plus riche est la couronne des vertus." (Ambroise de Milan, Traité sur l'Évangile de saint Luc, Prologue)
"L'histoire éduque, la loi enseigne, la prophétie annonce, la réprimande châtie, la morale persuade : dans le livre des psaumes, on trouve l'avancement de tous et comme un remède pour la santé du genre humain. Il suffit de les lire pour avoir de quoi guérir les blessures de la souffrance par un remède approprié. Il suffit de vouloir les considérer pour découvrir, comme dansun gymnase ouvert à toutes les âmes et comme dans un stade consacré à l'exercice des vertus, les différents genres de combats qui nous attendent, et l'on peut y choisir celui auquel on se juge le plus apte et par lequel on remportera plus facilement la couronne." (Commentaire sur le psaume 1, 7, in Livre des Jours, Office romain des lectures, 1976, p. 722)
"Courons comme les cerfs vers la source des eaux ; la soif ressentie par David, que notre âme la ressente aussi. Quelle est cette source ? Ecoute David qui le dit : En toi est la source de la vie. Que mon âme dise à cette source : Quand pourrai-je venir et paraître devant ta face ? Car la source, c'est Dieu." (Sermon sur la fuite du monde, 9, 52)
"N'en crois donc pas seulement les yeux de ton corps : on voit mieux ce qui ne se voit pas, parce que cela est provisoire, et ceci éternel. On distingue mieux ce qui n'est pas saisi par les yeux, mais découvert par l'esprit et l'âme." (Traité sur les Mystères, 12)
"Si tu demandes pour toi seulement, tu seras seul [...] à demander pour toi. Mais si tu demandes pour tous, tous demanderont pour toi. Et en effet, toi-même tu es en tous." Commentaire sur Caïn et Abel, 1, 9, 39)