Le mot crèche vient du latin cripia, qui signifie littéralement « mangeoire ». Les premiers pèlerinages à la grotte de Bethléem remontent aux débuts du christianisme. Au III° siècle, des pèlerins se rendent à la grotte de Bethléem, où l’on montre même une mangeoire, présentée comme celle où le Christ serait né. Et dès le VIe siècle, on commence à voir des crèches dans les églises des pays chrétiens.
Au Moyen âge, des représentations théâtrales dans les églises présentent des scènes bibliques et de la vie du Christ, dont la Nativité. Prenant de l’ampleur, ces représentations sortent progressivement des églises et deviennent de véritables spectacles, que l’on appelle les Mystères. C’est ainsi qu’en 1223, pour la messe de Noël, Saint François d’Assise rassemble les habitants du village de Greccio, en Italie, dans une grotte où se trouve une crèche garnie de foin. Là, il préside la messe de minuit entre un âne et un bœuf véritables.
Le sanctuaire de Greccio, où Saint François d'Assise a réalisé la première crèche vivante.
Le sanctuaire de Greccio, où Saint François d'Assise a réalisé la première crèche vivante.
Les origines de la crèche telle que nous la connaissons aujourd’hui, avec ses petits personnages sculptés, sont assez floues. La plus ancienne que l’on connaisse a été exposée en 1252, au monastère de Füssen en Bavière. Une autre a été commandée par le pape français Martin IV en 1283.
Au XVIe siècle, les Jésuites répandent les crèches de personnages qu’ils utilisent à des fins didactiques. Ils en fabriquent notamment à Prague, en 1562.
À la révolution française, les représentations théâtrales à caractère religieux sont interdites. Les familles aisées, bourgeoises ou aristocratiques, se replient alors sur des scènes bibliques, parmi lesquelles la Nativité, représentées par de petits personnages sculptés dans des boîtes vitrées, que l’on appelle des « grottes » ou des « rocailles ».
Au XIXe siècle, la crèche revient dans les rues françaises sous la forme d’automates mécaniques, où le comique, via des personnages grotesques, prend souvent le pas sur le religieux. À la même époque, les « santons » (du provençal santoun, « petits saints »), se développent. À Naples, surtout présents dans les familles bourgeoises ou aristocratiques, ils sont richement décorés et leur taille va jusqu’à la « grandeur nature ». Parallèlement, en France, se répandent les fameux santons de Provence, plus petits et plus rustiques.
Une tradition aux origines multiples
Le récit de la Nativité figure dans l’Évangile de Saint Luc, et les mages dans celui de Saint Matthieu. Mais la plupart des autres personnages traditionnels de la crèche n’ont évidemment rien de biblique. Les santons de Provence représentent la vie quotidienne des villages provençaux au XIX° siècle.
Quant à l’âne et au bœuf, figures incontournables de la crèche, il s’agit en réalité d’une tradition tirée de l’évangile du Pseudo Matthieu, un écrit apocryphe du Ve ou VIe siècle, qui a évoqué le premier la présence des deux animaux en s’inspirant d’Isaïe :
« Or, deux jours après la naissance du Seigneur, Marie quitta la grotte, entra dans une étable et déposa l’enfant dans une crèche, et le bœuf et l’âne, fléchissant les genoux, adorèrent celui-ci. Alors furent accomplies les paroles du prophète Isaïe disant : "Le boeuf a connu son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître", et ces animaux, tout en l’entourant, l’adoraient sans cesse. Alors furent accomplies les paroles du prophète Habaquq disant : "Tu te manifesteras au milieu de deux animaux." Et Joseph et Marie, avec l’enfant demeurèrent au même endroit pendant trois jours. »
La Croix