La phrase « Console-toi, tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé », dans les Pensées de Pascal est-elle une reprise pure et simple d'une phrase d'Augustin ?
On rapproche généralement cette phrase de Pascal de chapitres du livre X des Confessions (il est indéniable que Pascal a lu Augustin et le connaissait bien), mais on n'y trouve pas la phrase ramassée de Pascal : l'idée sous-jacente est contenue et évoquée dans un passage d'Augustin à propos de la drachme perdue et de la mémoire. Il s'agit du livre X, ch. 18-20. Il ne s'agit donc pas du tout d'un plagiat chez Pascal, mais d'une formule heureuse qui résume une idée fondamentale présente largement dans la tradition chrétienne (et bien sûr particulièrement développée de diverses façons chez Augustin). On peut rapprocher aussi la formule de Pascal de St Paul cité dans les Actes des Apôtres (XVII, 23) : "Ce que vous cherchez sans le connaître, la religion vous l'annonce", etc. et bien d'autres passages chez les Pères tendent toujours à montrer que l'homme cherche Dieu parce que Dieu est déjà mystérieusement en lui (l'homme fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, cf. livre de la Genèse).
La phrase "La mesure de l'amour de Dieu c'est d'aimer sans mesure" est souvent attribuée à St Augustin, plus rarement à St Bernard : quel en est le véritable auteur ?
C'est bien St Bernard qui est l'auteur de cette phrase, dans le chapitre I du Traité de l'Amour de Dieu. On peut citer tout le passage, pour en permettre une compréhension plus exacte :
"Vous voulez donc que je vous dise pourquoi et comment on doit aimer Dieu ? Je réponds brièvement : la raison pour laquelle on aime Dieu, c'est Dieu lui-même ; et la mesure de cet amour, c'est de l'aimer sans mesure."
Depuis le Moyen-Age, cette phrase est d'ailleurs clairement attribuée à St Bernard (cf. lettres d'Abélard et Héloïse). Mais il est vrai qu'ajourd'hui, en raison de l'ignorance croissante des Français en histoire de l'Eglise (peu de gens connaissent des textes des Pères de l'Eglise), on a tendance à attribuer au seul St Augustin toutes les citations un peu marquantes qui se colportent. Le web est d'ailleurs un des grands responsables de ces erreurs car les fausses attributions y sont extrêmement nombreuses... Certes, on ne prête qu'aux riches - et St Augustin permet de vérifier cet adage ! Il convient cependant régulièrement de restituer la vérité. De très nombreux Pères ou Docteurs (comme St Bernard, qui a vécu entre 1090 et 1153 - donc sept siècles après St Augustin) ont écrit et laissé des sermons, des ouvrages du plus grand intérêt, comme nous essayons de le montrer sur ce site. Il est important de restituer les citations, parfois d'ailleurs tronquées ou réécrites, à leurs véritables auteurs.
De quelle œuvre de St Augustin est extraite la prière "Ne pleurez pas", fréquemment lue lors des Obsèques (elle figure dans divers recueils de textes pour les Obsèques) ?
Cette prière est attribuée tantôt à St Augustin... tantôt à Péguy (on ne prête qu'aux riches !). De fait, elle a pour origine un sermon sur la mort de Henry Scott-Holland (1847-1918) prononcé à St Paul's Cathedral en 1910 pendant l'exposition du corps du roi Edouard VII à Westminster. L'extrait "Death is nothing at all", qui a donné lieu au texte français (certains parlent d'une traduction de Charles Péguy ?) est tantôt intitulé en français "Ne pleurez pas", tantôt "La mort n'est rien". A très peu de variantes près, c'est le même texte que l'on retrouve, et c'est bien évidemment une traduction du texte anglais. Sur certains sites, par exemple "Prier.be" il est correctement attribué au Chanoine Scott Holland. Il est donc temps de rendre à César ce qui est à César, et ainsi de résoudre ce tout petit "mystère" qui n'en est donc plus du tout un !