L'HÉRÉSIE - (choix d'une altération de la vérité de Dieu)
A ces causes politiques s'ajoutait l'hérésie. Sous la pression de l'empereur allemand Henri II, en 1014, on contraignit le pape romain d'introduire le "filioque" dans le credo de sa messe. Signifiant que le Saint Esprit procèderait du Père "et du Fils", cette formule suggère par rapport au Christ, un effacement et un rôle secondaire du Saint Esprit. C'était changer, et donc corrompre, le dogme trinitaire reçu par l'Eglise indivise au concile œcuménique de Constantinople, en 381 : "Le Saint Esprit procède du Père".
On ne peut pas altérer la vérité sur Dieu sans, du même coup, gangrener l'Eglise et la vie spirituelle de chacun de ses membres.
A partir de cette première hérésie, on inventa la prétendue autorité universelle du pape romain ; on écrasa la liberté personnelle sous une étouffante pression extérieure ; bref on bâtit le système "catholique romain".
LA SUITE DES SCHISMES - Hérésie, c'est porte ouverte au monde des passions dans la théologie, pensée de l'Eglise. Bien sûr, ce monde des passions (orgueil, souci d'avoir raison et d'imposer sa raison, haines intellectuelles...) précédait l'hérésie, la rendait possible et séduisante pour beaucoup, tissait l'environnement de la discussion troublée. Mais avec elle triomphante, se produit comme un reflux : la pensée religieuse s'écartèle, allant du "rien que Dieu" au "rien que l'homme", et donc de crise en crise et de séparation en séparation. L'hérésie divise le croyant dans sa pensée de la foi, avec l'angoisse, les si diverses réactions à l'angoisse, l'angoissante nostalgie d'une pureté chrétienne perdue, on va d'abus en réactions et ces réactions ne cessent d'engendrer d'autres abus.
Retour de la pensée aux logiques du péché, l'hérésie installe l'Eglise historique dans une fausse unité, laquelle ne veut donner que des schismes nouveaux : nouvelles déchirures de la communauté mal assise.
Au XVIe siècle, en Occident, des chrétiens nostalgiques de la pureté primitive se révoltèrent. Partis de la louable intention de réformer l'Eglise catholique, mis emportés par le monde des passions qui s'y était engouffré par l'hérésie romaine, ils finirent assez vite, au prix de guerres sanglantes, par fonder une confession à part. L'Eglise réformée, ou protestante.
Leur idée ? réformer, revenir aux sources. Ils ne réformèrent qu'en se séparant de la branche romaine sans retrouver le tronc catholique orthodoxe ; ils ne revinrent pas aux sources. Pourquoi ?
Les sources, c'est à dire le catholicisme orthodoxe, ne coulaient plus qu'en Orient après le grand schisme de 1054. L'Orient était loin. On avait perdu le contact. Le protestantisme ne pouvait qu'improviser des doctrines nouvelles, encore plus éloignées de la Tradition que celles de la Rome hérétique dont il se séparait sans compensations suffisantes.