NATIVITE 2010
Message de Son Eminence le Métropolite Emmanuel de France,
En son nom propre et au nom des évêques orthodoxes, membres de
L’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
Mes chers enfants en Christ,
Au nom de mes frères les évêques membres de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France, je vous adresse le message de joie à l’occasion du grand événement de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ.
Saint Jean Chrysostome avait raison de s'étonner devant la grandeur du Mystère de l’incarnation. Ce qui est inaccessible est désormais accessible. Dieu possède désormais un visage. Le Christ est le « Visage de l’Invisible », selon l’expression de Saint Jean Damascène.
Un sauveur nous est donné dans la liberté de la bienveillance du Père, l’action du Saint-Esprit et l’amour gratuit du Fils.
Par la Nativité, nous possédons désormais l’assurance de notre union avec Dieu, de notre retour dans le sein du Père. La promesse de l’Ecriture se fait chair. Le Seigneur vient restaurer ce que le péché et la chute avaient brisé. Désormais, avec la Nativité du Christ, tout retour vers Dieu est possible. Dans le Dieu-homme la communion entre le Créateur et la créature est rétablie. Elle se réalise chaque jour encore dans la vie de l’Eglise et dans celle de chaque croyant.
Sommes-nous capables, dans le monde « en crise » qui est le nôtre, d’écouter les enseignements qui émanent de la grotte de Bethléem ?
Kénose de Dieu
La Nativité est avant tout kénose totale de Dieu. Une kénose gratuite. Débordante d’amour pour l’homme. Une kénose qui nous est offerte. L’œuvre insondable n’attend rien en retour.
Dieu s’offre à nous. Il nous attend. Sans nous forcer. Respectant notre liberté. « Je me tiens à la porte et je frappe », nous dit le Seigneur dans le livre de l’Apocalypse. Il vient à notre rencontre, pour assumer notre nature humaine et la relever. Prenant sur lui nos infirmités, aujourd’hui dans l’innocence de Sa Nativité et de Son enfance et, demain, sous les coups qui le porteront à la croix vivifiante, Il est aussi le Christ Ressuscité des morts venu pour nous sauver.
Humilité de Dieu
Les mages étaient venus chercher un Dieu et trouvèrent un enfant nouveau né, dans une grotte, qui sert d’étable pour les animaux. Saint Grégoire Palamas insiste sur ce paradoxe : « Oui, le verbe prééternel, in-circonscrit, le Maître de l’univers, comme un vagabond, un sans-abri, est aujourd’hui enfanté dans une grotte… ». Cette leçon d’humilité doit résonner encore pour nous tous, faibles ou puissants de ce monde. L’humilité nous ouvre à l’intelligence, l’acceptation et l’amour de l’autre.
Solidarité avec les plus démunis
L’humilité divine nous prédispose aussi à l’écoute des plus démunis. Des plus pauvres. Des plus faibles parmi nous. Celles et ceux qui sont en difficulté. Notre devoir d’assistance est une exigence chrétienne d’amour qui va au-delà des jugements que nous pouvons porter sur les situations, parfois compliquées, ici ou là. L’audace de l’amour doit prévaloir et doit manifester ainsi la vocation du chrétien dans le monde. Le Christ n’est-il pas venu porter nos faiblesses et nous appeler à être proches des plus vulnérables, des pauvres, des déracinés, des démunies, et donc de tout « étranger » en difficulté. Le Christ lui-même ose cette identification : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,34-40).
Dignité et vocation de l’Homme
Par sa Nativité, le Christ redéfinit la perspective même de la vocation de l’homme, celle tout à fait incroyable de devenir Dieu. Pour Olivier Clément : « C’est l’incarnation du Verbe qui rouvre pleinement à l’homme sa destinée créatrice. » Elle n’est pas uniquement dans le faire et l’agir, mais aussi dans la capacité de l’homme à retrouver sa place dans la création, à la préserver avec dignité et responsabilité, en accueillant cette dernière avec la même mansuétude que celle qui doit être accordée à notre prochain.
A l’occasion de cette Nativité 2010, ma pensée et celle des mes frères dans l’épiscopat orthodoxe en France se tournent plus particulièrement vers tous les chrétiens du monde qui souffrent pour leur foi et qui continuent de témoigner du Christ dans des conditions de vie difficiles, voire parfois tragiques. Nous pensons notamment aux chrétiens d’Orient qui ne cessent de payer de leur vie leur attachement au Christ et à son message de paix, à sa bonne nouvelle.
En mon nom personnel et au nom de tous mes frères dans l’épiscopat orthodoxe de France, membres de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France, je vous souhaite, à toutes et à tous, une très belle et lumineuse fête de la Nativité du Seigneur Jésus-Christ.
Accueillons cette fête, comme le Christ Lui-même. Devenons cette grotte qui accueille l’inaccessible. Chantons à la manière des anges. Réjouissons-nous tels les bergers. Car le Christ est né. Glorifions-Le !
† Le Métropolite Emmanuel, de France
Président de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France