Le monastère de Marcenat a été bâti de leurs mains. Les quatre soeurs de la communauté orthodoxey mènent une vie austère, rythmée par les offices, l'entretien du potager, les repas, l'iconographieEt l'accueil des visiteurs.
Olivier Rezel
Par beau temps, le cuivre de la coupole coiffant l'église renvoie les rayons du soleil et trahit la présence du monastère orthodoxe de Marcenat, dans le Cantal. C'est là, à 1.200 mètres d'altitude, dans le petit hameau de « La Traverse » niché au coeur des monts du Cézallier, que quatre soeurs égrènent les journées au rythme des offices monastiques, des repas pris en commun, et de leurs activités artistiques.
Car, en plus de prier, les mains de ces moniales révèlent une adresse d'une étonnante polyvalence. Le monastère Znaménié « signe », en russe ce sont les soeurs qui l'ont construit en très grande partie, dans les années 80. Pierre par pierre. Tour à tour maçons, plombiers ou charpentiers, elles ont également capté une source distante de 300 mètres pour assurer leur approvisionnement en eau, et réalisé la fresque qui orne la coupole de l'église. Sous leurs pinceaux, naquirent le Christ ainsi que huit anges et séraphins. Un travail d'un an et demi ! « Sur les échafaudages, il a fallu vaincre notre vertige. Seul le gel, une fois les pinceaux collés à la coupole, nous arrêtait », sourit soeur Anastasie, la mère supérieure. Les murs de l'église, recouverts d'icônes de différentes époques, témoignent de l'activité des moniales de confession orthodoxe. Une tradition perpétuée par la petite communauté religieuse de Marcenat.
Coupées du monde pendant quatre mois
Entre matines et vêpres, les soeurs peignent des oeufs en bois, reproduisent des icônes, qu'elles vendent ensuite aux visiteurs. Voilà le seul fruit de leurs ressources.
L'entretien du potager nourricier, la confection du pain, l'apiculture constituent les autres activités, souvent propices à la méditation. Pas de bavardages inutiles. Et il faut avoir la foi pour supporter les conditions de vie dans ce monastère parfois coupé du monde durant quatre mois, lors des hivers les plus rigoureux. « Ces conditions mêmes en font un lieu privilégié sur le plan spirituel », relativise soeur Anastasie.
Aux saisons plus clémentes, la beauté des paysages et le climat de paix attirent de nombreux visiteurs et pèlerins. Une communauté de fidèles, habitant principalement la région, s'est constituée autour du monastère et vient participer à la liturgie eucharistique célébrée, une fois par mois, par le père Barsanuphe. Parfois, certains restent quelques jours pour une retraite spirituelle. Alors, les soeurs consentent à chauffer l'église, un luxe qu'elles se refusent d'ordinaire, par souci d'économie.
Le monastère orthodoxe de Marcenat est ouvert tous les après-midi d'été, de 14 heures à 18 heures ; l'hiver, les dimanches et jours fériés, de 13 h 30 à 17 heures. Toute l'année, des visites sont possibles sur rendez-vous. Tél. 04.71.78.84.68.