- Le point d’aboutissement de ce processus sera le 1er Concile du Vatican (1870) qui proclamera l’infaillibilité pontificale, malgré de fortes résistances, notamment des évêques français et allemands : il transformera le pape de Rome en une sorte de demi-dieu .
- Pendant ce temps, les Eglises orthodoxes d’Orient sont plongées dans les épreuves. Alexandrie, Antioche et Jérusalem avaient déjà été conquises par les arabes musulmans au 7e siècle. A partir de la fin du 11e siècle, les Turcs Ottomans conquièrent petit à petit l’Asie-Mineure, puis la partie européenne de l’Empire byzantin. Constantinople est prise en 1453. C’est le début d’une longue période de persécutions (le patriarche Grégoire V est pendu à la porte du Phanar en 1821). Une seule nation orthodoxe est épargnée : la Russie (convertie au 10e siècle), qui devient autocéphale en 1589. Mais elle aura à subir au 13e siècle les invasions mongoles (Kiev sera entièrement détruite) et les chevaliers teutoniques. Le monde orthodoxe oriental va se replier sur lui-même. Le Mont Athos devient le refuge et la mémoire de l’Orthodoxie, avec d’importantes conséquences liturgiques : l’office cathédral (c’est-à-dire paroissial) disparaît au profit de l’office monastique (au 14e siècle, sous le Patriarche Philothée). On commence à élever les iconostases pour cacher « les
choses saintes » : les historiens pensent que c’est une conséquence des invasions mongoles ; ce processus s’achève au 15e siècle.
- C’est la 1ère Guerre Mondiale et l’instauration d’un régime totalitaire et anti-chrétien en Russie, en 1917, qui va tout changer. Au début de la 1ère Guerre Mondiale, en 1914, on est à un des pires moments de l’histoire de l’Eglise : il y a un mur de séparation, et même parfois un fossé de haine, entre les deux parties de l’Eglise. Pour Rome, les Orthodoxes sont des « schismatiques d’Orient », qui «ne reconnaissent pas le pape » et qui ont rejeté les nouveaux dogmes romains ( Filioque, Immaculée conception de Marie…). Quant aux Orthodoxes, en rejetant Rome et ses erreurs, ils ont rejeté aussi en bloc tout l’Occident, sa culture, son mode de vie, ses richesses… On s’ignore, on ne se connaît pas, on se caricature et on se hait. C’est une sorte de « Yalta » ecclésiastique.
« Catholique » va signifier « catholique-romain » (les Protestants rejetteront le terme),
« Orthodoxe » va signifier « oriental ». L’Orthodoxie sera perçue comme exotique, et même parfois folklorique. Hélas, elle va tout faire pour correspondre à cette caricature, en oubliant la véritable catholicité (elle confondra « catholicisme [romain] » et « catholicité »).
II. La confrérie Saint-Photius (1925-1950)
1. Sa création, son but et ses principes
La 1ère Guerre Mondiale est un cataclysme qui ébranle toute l’Europe : elle est la fin d’un monde.
La Révolution russe de février/mars(11) 1917 voit l’effondrement de l’Empire russe, et la révolution bolchévique d’octobre/novembre1917 permet à Lénine et aux communistes de prendre le pouvoir.
Ils traitent aussitôt avec l’Allemagne. Les Pays baltes et l’Ukraine proclament leur indépendance. A partir de janvier 1918, une guerre civile ravage le pays (entre l’armée rouge communiste et l’armée blanche tsariste) et durera jusqu’en 1922(12). Il y aura une terrible famine entre août 1921 et février 1922. Les communistes instaurent rapidement un régime de terreur qui est à la foissocial (contre les classes dirigeantes et les intellectuels) etreligieux (contre l’Eglise). Toutefois l’Eglise orthodoxe profitera d’une liberté relative entre les deux révolutions pour réunir un concile, en août
1917 : il restaure le Patriarcat13, élit Tikhon et pose les fondements d’un renouveau de l’Eglise.
Mais il sera « expulsé » par les Soviétiques en septembre 1918.
(11) « février » en calendrier julien, « mars » en calendrier grégorien. Le calendrier julien a 13 jours de retard sur le grégorien. En histoire russe, il est préférable de donner les deux dates, à partir d’octobre 1582 (Réforme du calendrier julien par le pape de Rome Grégoire XIII). L’URSS a adopté très vite le calendrier grégorien, mais l’Eglise orthodoxe russe a conservé le calendrier julien (jusqu’à présent).
(12) L’URSS est constituée en décembre 1922.
(13)Le Patriarcat avait été supprimé par Pierre le Grand en 1721 : il était remplacé par un Synode, où se trouvait le « Procureur général » nommé par le tsar et qui le représentait. En fait, l’Eglise était asservie au pouvoir politique.
Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale
- Université d’été 2013-