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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 00:00

 

St-Photius

 

Tous ces changements vont conduire au schisme de 1054, qui est une rupture de communion entre Rome et Constantinople et, in fine, entre le Patriarcat romain (qui domine maintenant tout l’Occident) et les quatre autres Patriarcats d’Orient (Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem). Ce drame est directement lié à la création d’un Etat pontifical, parce que les papes de Rome vont se trouver intégrés à la hiérarchie féodale : ils sont devenus des vassaux des empereurs germaniques. La raison précise sera l’intervention militaire du pape Léon IX contre les chevaliers normands, qui voulaient conquérir l’Italie du Sud, terre byzantine, parce qu’il avait reçu de l’empereur Henri III la suzeraineté sur le Bénévent (!). Il sera battu et fait prisonnier : une ambassade sera alors envoyée à Constantinople pour demander de l’aide. Mais le Cardinal Humbert, au lieu de faire profil bas, prit les choses de haut, reprochant aux « Grecs » d’avoir retiré le Filioque du Credo (!) et déposa sur l’autel de Saint-Sophie une lettre de rupture de communion, ce qui était d’autant plus absurde que le pape Léon IX au nom duquel il agissait était mort. Le « mince fil de communion qui reliait encore entre l'Orient et l’Occident »9 fut ainsi coupé.

 

 

2. L’Eglise divisée et déchirée (de 1054 à la 1ère guerre mondiale)

 

Aussitôt après le schisme, il se produira une véritable révolution religieuse en Occident, qui se prolongera pendant environ trois siècles : elle donnera naissance à « l’Eglise catholique-romaine » telle que nous la connaissons et créera un fossé entre l’Occident et l’Orient chrétiens. Mentionnons les points essentiels.

 

- Le pape de Rome Grégoire VII, dans ses « Dictatus papae » (1075) s’autoproclamesupérieur à tous les évêques (il transforme une primauté d’honneur en un pouvoir juridique de droit divin) et supérieur aux rois et empereurs, en affirmant qu’ils tiennent leur pouvoir de l’Eglise (et non plus

de Dieu). Il institue une véritable théocratie. Cela s’accompagne d’un énorme mouvement de centralisation et d’uniformisation (dans l’esprit de Cluny, qui est à son apogée), ainsi que d’une lutte violente contre le clergé marié. C’est une rupture complète avec l’esprit de l’Eglise indivise.

 

- Avec Anselme de Cantorbéry, une nouvelle théologie apparaît à la fin du 11e siècle, la scolastique, fondée sur la raison et la philosophie grecque : on introduit le rationalisme dans la théologie (on veut « prouver » Dieu par la raison), le juridisme dans la spiritualité (la doctrine des mérites et de la satisfaction par la souffrance) et l’esthétisme (puis le sentiment) dans l’art chrétien.

C’est une rupture complète avec l’esprit patristique, qui était fondé sur la Bible et l’expérience spirituelle.

 

- les Croisades (12e-13e siècle) avaient une raison objective initialement (les persécutions que subissaient les chrétiens en Palestine), mais elles deviendront rapidement une manifestation de puissance de l’Occident et elles  s’achèveront par un désastre ecclésiologique : le sac de Constantinople (1204) et l’instauration d’un Patriarcat latin sur ce siège. Ce forfait épouvantable constituera la consommation du schisme et créera un abîme entre l’Orient et l’Occident chrétiens.

Il précipitera la prise de Constantinople par les Turcs Ottomans et la disparition de l’Empire byzantin (1453).

- Il y aura de nombreuses résistances de la part de canonistes (Yves de Chartres au 11e siècle) et de théologiens (Gerson au 15e siècle), et surtout de conciles (Constance en 1415, Bâle en 1431)10.

La plus importante de toutes, et la plus tragique, sera la Réforme protestante (16e siècle) qui déchirera l’Eglise d’Occident (jusqu’à présent). Mais en voulant rejeter les excès de Rome, les Protestants rejetteront la Tradition, la prêtrise et les sacrements.

 

 

(9) P. Eugraph Kovalevsky : Le Schisme de 1054, ou la rupture entre l’Orient et l’Occident chrétiens in Contacts, 1952, rééd. in Présence Orthodoxe, 1970, n°9-10, p.42-46.

(10)Le Concile de Constance, en 1415, réaffirmera la doctrine conciliaire par la voix de Gerson, chancelier de l’Université de Paris. Cela sera confirmé par le Concile de Bâle (en 1431) qui réaffirmera la supériorité du concile sur le pape.

 

Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale

- Université d’été 2013-

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Published by Monastère Orthodoxe de l'Annonciation - dans Enseignement spirituel

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