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29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 00:02
Icône miraculeuse de l'Île de Tinos
 
746a1 Tinos, icône miraculeuse
 
Nous voulions être aujourd’hui à Tinos parce que c’est la fête de la Dormition de la Vierge(l’Assomption chez les catholiques) et que, l’île étant consacrée à la Vierge, on nous a dit et répété partout que la célébration valait la peine d’être vue. Aussi sommes-nous arrivés hier. En 1822, un homme de 80 ans voit en songe une belle dame qui lui dit d’aller creuser un certain champ pour y trouver son "ancienne maison". L’homme, avec d’autres croyants, va, creuse et ne trouve rien. Quelque temps plus tard, le 9 juillet 1822, une religieuse du nom de Pélagie fait à son tour un rêve qui la trouble, elle voit s’ouvrir la porte de sa cellule et entrer une dame lumineuse qui lui enjoint de faire creuser ce même champ, sans quoi toute la population sera châtiée. Doutant de sa raison, Pélagie n’en fait rien, a une seconde apparition une semaine après, et une troisième encore une semaine plus tard, et cette fois-là la dame est très en colère. Pélagie se résout alors à parler à son higoumène (la supérieure du couvent), laquelle en réfère au métropolite (l’évêque) qui, connaissant l’histoire du vieil homme, est immédiatement sûr que Pélagie est saine d’esprit et convainc tout le village de coopérer, le propriétaire du champ étant absent sa femme l’offre pour la construction d’une église, et on y travaille plusieurs mois, mettant au jour les ruines de deux églises très anciennes. Un nouveau songe révèle à Pélagie l’endroit exact où se trouve une icône de la Vierge, au creux d’une roche sous la terre du champ. Et quand, le 30 janvier 1823, à l’endroit concerné, un villageois donne un coup de pioche, il brise en deux une icône ancienne. Cette icône, nettoyée, recollée, est donc immédiatement considérée comme miraculeuse, l’île est déclarée sainte et, sur la roche du miracle, on construit une énorme basilique. On est en pleine période de révolution contre les Turcs et la fin de la construction de la basilique coïncide avec la libération du pays, toute la Grèce y voit un signe de l’intervention de Marie. On attribue à cette Vierge de nombreux miracles, dont voici le plus célèbre : pendant la Première Guerre Mondiale, en 1915, le roi Constantin Premier était à l’article de la mort, le prêtre lui avait déjà administré l’extrême onction quand on mit dans sa chambre l’icône miraculeuse apportée de Tinos de toute urgence par un bateau envoyé par le Gouvernement. Dès que le roi eut embrassé l’icône (les orthodoxes ont coutume d’embrasser les icônes, dans les églises on voit des fidèles défiler d’icône en icône, embrassant chacune d’entre elles), son état s’est considérablement amélioré et, guéri, il vivra jusqu’en 1923. L’icône étant enlevée aujourd’hui pour la procession, je ne peux la prendre en photo.
 
746a2 Tinos, roche de l'icône miraculeuse
 
746a3 Tinos, roche de l'icône miraculeuse
 
Sous l’église, une crypte a été bâtie sur la roche où l’icône a été trouvée. Lorsque nous sommes arrivés, hier soir, nous avons pu y pénétrer. La voilà.
 
746b1 Tinos, rue principale vers la basilique
 
Du port, une longue rue monte vers l’église de la Vierge (la Panagia). Je ne connais pas la distance entre le port et cette basilique, mais je l’estime à un bon kilomètre. J’ignore tout autant l’altitude de la colline, et je ne saurais l’évaluer, mais elle est assez haute (je sais, pour ceux qui, de ma génération ou même un peu plus jeunes, ont connu Fernand Reynaud mort en 1973, cela rappelle le fût du canon qui, pour refroidir, met "un certain temps"!). Distance et altitude ont de l’importance, on va le voir dans un instant. La photo montre que les pèlerins et curieux sont nombreux à Tinos le 15 août, du moins dans cette rue car l’île, la troisième des Cyclades par la superficie, est peu peuplée, et en ce jour une grande part de sa population vient dans la capitale.
 
746b2 Pèlerinage de Tinos
 
En arrivant en haut de la rue, près de la place, on peut voir sur le côté cette curieuse sculpture. Hier lorsque nous avons débarqué, nous avons vu, avec une famille qui poussait ses bagages sur une voiture d’enfant, une jeune femme en robe noire, la trentaine, qui marchait sur les genoux et les mains. Naïvement, après nous être interrogés sur la raison de cette curieuse façon de se déplacer, nous avons conclu qu’elle devait être invalide. Ce n’est qu’en voyant d’autres personnes faire de même que nous avons compris qu’il s’agissait d’un vœu qui avait été exaucé. Et c’est ce que représente cette sculpture : faire du port à la basilique le trajet sur les genoux. Voilà pourquoi distance et hauteur ont leur importance, puisque la dureté de l’épreuve en dépend.
 
746b3 Pèlerinage de Tinos
 
746b4 Pèlerinage de Tinos
 
Souvent vêtues de noir, des femmes de tous âges font ce pèlerinage. Mais il y a aussi des hommes et des enfants. Ce très jeune garçon, sur la seconde photo, ne se moque pas des adultes, il est parvenu jusqu’ici sur les genoux, il se repose quelques minutes avant de terminer le chemin. Généralement, une personne sur ses deux pieds accompagne le pénitent, l’encourage, lui donne à boire, lui passe des Kleenex imbibés pour qu’il se rafraîchisse les genoux. Car, comme on peut s’en douter, à une distance variable selon la résistance de chacun, mais en tous cas bien avant la moitié du trajet, les genoux sont en sang. Quelques hommes accomplissant leur vœu en jeans, leur peau d’homme et la grosse toile du jeans retardent quelque peu le supplice, mais même dans ces conditions, de grosses taches marron marquent de sang le tissu bien avant d’arriver en haut. La Municipalité a fixé, comme on le voit sur mes photos, un tapis tout le long de la rue, près du trottoir droit, mais, pour être plus nombreux le 15 août, les pèlerins n’en viennent pas moins toute l’année pour accomplir des vœux, et le tapis est permanent. En conséquence, comme on peut s’en douter, il est constellé de poussières, de graviers, de petites particules abrasives pour la peau. Peut-être est-ce un tout petit peu moins cruel, moins dur, que le bitume, mais si peu… Je ne sais pas si, à travers mon style, on se rend compte de ce que je pense de tout cela, mais je trouve que c’est aberrant. Je ne comprends pas. D’un point de vue athée, c’est évidemment stupide puisque si Dieu n’existe pas on souffre pour rien, c’est du masochisme pur. Or je ne suis pas en train de parler d’un point de vue athée, encore moins hostile aux religions, mais au contraire, dans l’optique même du christianisme, Jésus au Jardin des Oliviers a demandé "éloigne cette coupe de mes lèvres", et sur la croix il a prononcé ce célèbre "Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?" (Eli, Eli, lama sabachthani). Ces gens, chrétiens fervents, feraient-ils concurrence à  Jésus ? En recherchant une souffrance, moindre au demeurant que celle de la croix, mais souffrance aiguë quand même, ils accomplissent une action qu’à ma connaissance (mais je ne suis pas théologien) aucune ligne des évangiles ne demande ou ne recommande.
 
746b5 Pèlerinage de Tinos
 
746b6 Pèlerinage de Tinos
 
Arrivé en haut de la rue, on traverse une grande place et on arrive à l’entrée du sanctuaire, on franchit un porche. Reste à monter le grand escalier, et pour les pèlerins ce n’est pas la partie la plus facile, loin de là, et pas seulement parce que c’est la fin du parcours. En effet, au-delà de la blessure de la peau, leurs muscles ont été très éprouvés et il s’agit pour eux de se hisser de marche en marche. Je ne suis pas resté une éternité à regarder ces gens, car les voir me fait mal physiquement et moralement. Je n’aime pas cela. Mais parmi ceux que j’ai vus, tout au long de mon propre trajet (sur mes deux pieds chaussés), depuis le port et jusqu’en haut des marches, je n’ai vu personne abandonner en cours de route. Même cet homme affaissé sur le côté, au bord gauche du tapis rouge, sur ma seconde photo, qui donnait l’impression de n’en plus pouvoir, il a dû marquer plusieurs pauses assez longues, mais il a atteint la dernière marche.
 
746c1 Port de Tinos, garde-côtes
 
746c2 Tinos, la Marine Nationale célèbre la Vierge le 15
 
Le premier bateau que l’on voit est marqué LS en caractères grecs, ce qui signifie Limenikó Sôma, littéralement Corps Portuaire, et donc Garde-côtes. Mais l’autre est un bâtiment de guerre.
 
746c3 Tinos, la Marine Nationale célèbre la Vierge le 15
 
746c4 Tinos, la Marine Nationale célèbre la Vierge le 15
 
746c5 Tinos, la Marine Nationale célèbre la Vierge le 15
 
Puis arrive le commandant, suivi des marins. Et parmi eux, il y a une très jeune fille. Grande, svelte, avec ce visage doux on a du mal à l’imaginer en combattante. Cette présence de la Marine Nationale chaque année pour célébrer la Vierge de Tinos s’explique par le grave événement survenu il y a 71 ans.
 
15 août 1940. Voilà déjà presque un an que la Seconde Guerre, qui n’est pas encore mondiale, est déclarée. Hitler a envahi la Pologne, il est entré au Danemark, il est au Bénélux et en France, Mussolini occupe l’Albanie. La Grèce est encore en dehors du conflit mais étant donné que la conflagration a atteint la Méditerranée elle a donné le croiseur Elli (du nom d’une victoire grecque dans la Première Guerre Balkanique) comme escorte à un navire amenant des pèlerins à Tinos. Au cours de la procession, une explosion retentit, c’est une torpille tirée par un sous-marin inconnu qui a touché l’Elli, qui coule. L’équipage compte neuf tués et 24 blessés. Deux autres torpilles sont tirées sur des navires grecs, mais manquent leur cible. Le sous-marin a disparu sans avoir été identifié, mais on retrouve des fragments des torpilles, elles sont italiennes. Soucieux de maintenir son pays hors du conflit, mais lâchement, le Gouvernement grec déclare que l’agresseur n’est pas connu. Quand, le 27 octobre, Mussolini lance un ultimatum à la Grèce, exigeant l’ouverture de ses frontières aux armées fascistes et la cession de plusieurs villes-clés, le Gouvernement répond NON dès le lendemain, et la Grèce est envahie par l’Italie. Après la fin de la guerre, la lumière est faite : c’est le sous-marin italien Delfino qui a coulé l’Elli, et l’Italie donne à la Grèce, au titre des dommages de guerre, son croiseur Eugenio di Savoia, rebaptisé Elli.
 
746d1 Cérémonie du 14 août soir à Tinos
 
746d2 Cérémonie du 14 août soir à Tinos
 
Déjà, hier dimanche soir, il y a eu une petite cérémonie réunissant de nombreux popes. Je ne sais si l’officiant bedonnant est le métropolite, le curé de cette église, l’higoumène du monastère, et je ne vois pas à qui poser la question, ici je ne connais personne, et les pèlerins sont la plupart étrangers à Tinos, voire étrangers tout court, car on voit beaucoup de gens de type tzigane, transportant non des valises, des sacs à dos, des sacs de voyage, mais des baluchons, des bagages hétéroclites, des cartons. Cela donne un peu l’impression du pèlerinage des Gens du Voyage aux Saintes-Maries-de-la-Mer, en mai. Dans les paroisses françaises, même en ville, il n’y a bien souvent aucun vicaire auprès du curé, tant les vocations se font rares, alors qu’en Grèce les prêtres sont nombreux. Je ne sais si cela tient à une ferveur particulière due à la longue domination musulmane du pays, de même que la fin des persécutions sous Constantin a provoqué une explosion du christianisme, ou que, dans une moindre mesure peut-être, les citoyens de l’ex-Union Soviétique et de ses pays satellites, qui, lorsqu’ils ont conservé la foi malgré l’opposition des régimes communistes, adoptent en matière religieuse des comportements bien plus radicaux que là où la liberté de culte a toujours été respectée. Mais je suis convaincu qu’en outre le fait que les popes soient mariés et mènent la vie de tout un chacun aide aux vocations. Toutefois, j’en parlais l’autre jour avec une Grecque qui m’a affirmé (information à vérifier cependant) que les métropolites ne pouvaient être mariés, et que les simples prêtres de paroisse eux-mêmes ne pouvaient se marier après leur ordination, la différence avec les catholiques tenant au fait qu’un homme marié peut recevoir l’ordination.
 
746e1 Le 15 août à Tinos
 
746e2 Le 15 août à Tinos
 
746e3 Le 15 août à Tinos
 
Aujourd’hui 15 août, la cérémonie revêt infiniment plus de faste que celle d’hier soir. Le clergé est encore plus nombreux, et il a revêtu des ornements somptueux. Les enfants de chœur, en bleu, avancent sous le drapeau national grec. Célébration décrétée par le roi au dix-neuvième siècle, non-séparation de l’Église orthodoxe et de l’État, mémoire des événements tragiques de 1940, la fête est à la fois civile et religieuse.
 
746e4 Le 15 août à Tinos
 
Il est un peu moins de 10h30, l’icône portée sur les épaules des marins descend l’escalier pour être portée en procession vers le port. Parmi les porteurs, on reconnaît la jeune fille marin.
 
746f1 Procession du 15 août dans l'île de Tinos
 
746f2 Procession du 15 août dans l'île de Tinos
 
746f3 Procession du 15 août dans l'île de Tinos
 
Différents corps défilent pour accompagner l’icône pendant la procession, chacun avec sa fanfare, et les musiciens mettent tout leur cœur, toute leur âme, dans cette musique.
 
746f4 Procession du 15 août dans l'île de Tinos, les Éth
 
Il y a en Éthiopie une grosse communauté orthodoxe (43,5 pour cent de la population, face à 33,9 pour cent de musulmans et moins de un pour cent de catholiques), qui vient célébrer ici la Vierge de Tinos. Lucy, il y a 3,2 millions d’années, était éthiopienne et, très poilue, avec ses longs bras, la pauvre n’a vraiment rien à voir avec les Éthiopiennes d’aujourd’hui si j’en juge par celles qui participaient à la procession. Quelle ethnie superbe ! Considérant le PIB par habitant, 862,48 dollars, comparé aux 32417,30 de la France, on peut craindre que ce soit la pauvreté et la faim qui leur permettent de garder cette ligne admirable. Cherchant sur Internet les PIB comparés, je suis tombé sur une petite vidéo qui vaut le coup d’œil. Ces Éthiopiens étaient animés d’une gaieté, d’une vitalité, communicatives, chantant, dansant, modulant des you-you. Intéressant, amusant, sympathique.
 
 
 
746f5 Célébration du 15 août dans l'île de Tinos
 
Ensuite, lorsque l’icône est arrivée au bas de la rue, où se situe un petit kiosque de pierre, le clergé s’y est rassemblé, mais il était si nombreux que plusieurs prêtres ont dû rester à l’extérieur. Là, celui qui portait les habits les plus somptueux, métropolite ou autre, a fait un prêche interminable. Je dis prêche, ou homélie, ou je ne sais quoi, parce que je n’ai pas compris de quoi il parlait. Ce que j’ai compris, c’est que j’attendais la fin pour voir s’il y aurait bénédiction de la mer, ou des bateaux, et procession de retour. Mais rien de tout cela, l’icône n’est pas allée jusqu’au port, elle s’est arrêtée au kiosque et, quand le micro a été coupé, elle est remontée sans musique vers son église. Mais il s’est pressé une telle foule dans l’église qu’une grande partie de la masse des pèlerins est restée à l’extérieur. Une foule compacte, massée sous le portique devant la porte, si dense qu’il m’a fallu un long moment, de grands efforts, pour m’en dégager et apercevoir, de l’autre côté, Natacha qui elle-même tentait de se libérer. Quand nous nous sommes retrouvés, nous avons, d’un commun accord, décidé de ne pas attendre la fin de la célébration puisque nous ne pouvions rien voir.
 
746g1 Cyclades, paysage de Tinos
 
746g2 Cyclades, paysage de Tinos
 
Nous avons effectué une petite visite des environs. Pas toute l’île, trop grande pour être découverte en un séjour aussi court. Et nous avons admiré cette montagne dont, par un travail de titans, les terres sont retenues contre l’érosion par des terrasses. Dans une telle nature, on peut comprendre que l’île ait porté, dans l’Antiquité, le nom d’Ophioussa, l’Île aux Serpents. Mais le dieu Poséidon protégeait l’île, aussi a-t-il envoyé des cigognes qui les ont exterminés. Plus l’ombre d’un, désormais. Il a bien fallu rebaptiser l’île.
 
746g3 Tinos, village cycladique traditionnel
 
746g4 Tinos, village cycladique traditionnel
 
Les villages sont typiques des Cyclades avec leurs ruelles étroites en escaliers resserrées entre des maisons d’une blancheur éclatante. Tinos a, sur certaines de ses sœurs, l’avantage d’être restée authentique et d’avoir gardé toute sa personnalité et tout son charme.
 
746g5 Tinos, moulin à vent traditionnel
 
746g6 Tinos, l'âne fait partie du paysage des Cyclades
 
Lorsque je dis que nous sommes dans une Cyclade typique cela signifie, bien évidemment, que l’on y trouve des moulins à vent. Si le nombre de jours de vent violent (7° Beaufort, ou plus) est bien inférieur au nombre de jours de Mistral dans la vallée du Rhône, le Meltem soufflant du nord est en revanche très constant, entre 21km/h en moyenne en mai à 30km/h en février. Pas étonnant, dans ces conditions, que le dieu du vent Éole y ait résidé. Et Cyclade typique, cela signifie aussi que l’âne est resté un moyen de transport courant, non pas pour des enfants de touristes calés dans un bât en forme de fauteuil, mais pour déplacer de lourdes charges sur des chemins non carrossables, ou pour véhiculer leur maître, assis en amazone à cru sur leur dos.
 
746h1 Pigeonnier à Tinos
 
746h2 Pigeonniers dans l'île de Tinos
 
746h3 Vieux pigeonnier dans l'île de Tinos (Cyclade)
 
Une spécificité de Tinos est la multiplicité des pigeonniers anciens partout dans la nature. Il en reste plus de 600. Ils sont faits de pierre, leur rez-de-chaussée servait à ranger des outils, et ils comportent un ou parfois deux étages ajourés d’ouvertures donnant lumière et accès à l’intérieur pour les pigeons. Ces ouvertures sont cloisonnées d’ardoise de façon à dessiner des formes géométriques extrêmement esthétiques et très variées. La plupart datent du dix-huitième ou du dix-neuvième siècle. Car les habitants ont très longtemps résisté aux attaques ottomanes et sont restés sous domination vénitienne jusqu’en 1715. Soit, depuis 1207, plus de cinq siècles de stabilité et de prospérité. Aussi, en conquérant Tinos, les Turcs lui ont-ils laissé de larges privilèges, droit pour les habitants de conserver leur mode vestimentaire locale, de construire églises chrétiennes et écoles, de se gouverner eux-mêmes sous le contrôle d’un gouverneur ottoman, seul Turc avec le juge autorisé à résider dans l’île. Même la flotte turque devait se tenir loin des côtes. À l’inverse, beaucoup d’habitants se rendirent à Constantinople, notamment pour y commercer. Or au dix-huitième siècle, les Turcs sont très friands de pigeons, ce qui donne à Tinos l’idée de développer cet élevage. Parallèlement à l’exportation des volatiles vers la capitale de l’Empire Ottoman, ils récoltent les excréments des pigeons qui sont un excellent engrais pour l’agriculture. J’ai vu, dans le nord du Chili, la récolte des excréments de mouettes, appelés guano (du quechua wanu) et exportés pour l’agriculture, mais à cette époque la quasi totalité des rochers avaient été grattés et je suppose qu’aujourd’hui la récolte doit être interrompue depuis longtemps, surtout face à la concurrence des engrais chimiques dont le prix a baissé.
 
746i1 Ile de Tinos, Porto, sanctuaire de Poséidon et d'Amp
 
746i2 Ile de Tinos, Porto, sanctuaire de Poséidon et d'Amp
 
Parlant du changement de nom de l’île, j’ai évoqué l’intervention de Poséidon pour la débarrasser des serpents. Poséidon était honoré ici, ainsi que sa femme la Néréide Amphitrite. Ce sanctuaire est l’un des plus grands dédiés à ce dieu, et le seul des Cyclades. Aussi recevait-il un grand nombre de pèlerins. En particulier, on venait se purifier auprès de lui avant de se rendre dans l’île sacrée de Délos. Des fêtes, les Poséidonia, étaient célébrées chaque année en janvier / février. On pense que le premier sanctuaire a dû être construit au quatrième siècle avant Jésus-Christ, et reconstruit au troisième siècle. Mais lors du développement du christianisme dans la région, au quatrième siècle de notre ère, les chrétiens jugèrent bon de le détruire. Aujourd’hui il n’en reste plus que des ruines. Il y avait là un temple, un autel, des bains, une fontaine, un portique. Nous aurions bien aimé visiter ce sanctuaire, mais aujourd’hui c’est lundi, jour de fermeture des musées (indépendamment de la Dormition de la Vierge, les musées fonctionnant les jours de fête et les dimanches), et le billet de ferry pour Mykonos est réservé pour demain. C’est aussi la raison pour laquelle nous n’avons pas vu le musée archéologique. Aussi dois-je me contenter de ces deux photos prises à travers la grille…
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